COSMOTHROPOS : Le livre

COSMOTHROPOS COUVUn an après son lancement en janvier 2012, Cosmothropos, le projet photographique conçu par l’Observatoire de l’Espace, le pôle culturel du CNES (l’Agence spatiale française), vient de trouver son aboutissement dans un livre, Les Empreintes de l’Espace sur Terre. L’ouvrage, publié dans la collection Musée imaginaire de l’Espace, rassemble  une sélection parmi le millier de clichés réalisés par professionnels et amateurs pour témoigner des traces que l’univers spatial a imprimées dans le paysage français, ainsi que les analyses et créations littéraires suggérées par ce corpus photographique aux frontières du réel et de l’imaginaire. 

« Ce qui est intéressant dans ce projet c’est le rapport au fantasmatique et à l’imaginaire », déclarait François Cheval lors du lancement de Cosmothropos.(1) Ce qu’indiquait alors le conservateur en chef du musée Nicéphore Niepce à Chalons-sur-Saône, et membre du comité d’orientation culturel et scientifique du projet, s’est imposé comme une évidence à l’arrivée. Car « de la notion d’inventaire total qui  guidait initialement le projet, nous étions en définitive projetés dans une introspection de l’imaginaire des participants« , constate Gérard Azoulay, responsable de l’Observatoire de l’Espace. D’où l’invitation faite  à des spécialistes et auteurs oeuvrant dans des domaines très divers pour analyser et décrypter l’ensemble des photographies recueillies et en proposer un parcours ou des interprétations. (2)

"Petite pagaille céleste", photographié à Paris par Rachel Godet

« Petite pagaille céleste », photographié à Paris par Rachel Godet

Astronomie, Univers spatial et Effet Cosmothropos sont les trois chapitres qui guident le lecteur dans sa visite du  corpus photographique, le dernier étant, on s’en doute, le moins « littéral » par rapport au domaine de l’espace, celui où les photographes ont laissé libre cours à leur propre interprétation et poétique spatiale. C’est ainsi que, par exemple, les escaliers extérieurs du Centre Pompidou peuvent suggérer un tunnel d’embarquement pour l’espace et la vision rapprochée d’un trottoir ou d’un mur en crépi évoquer le sol lunaire ou martien…

5.Fabrice Maintoux

photographié par Fabrice Maintoux

Plus littérales sont les références recueillies sur des plaques de rues ou panneaux de lieux ( impasse de la lune, avenue des trois cosmonautes, allée des nébuleuses, etc.), tandis que des édifices affichent indubitablement des allures de soucoupe volante ou de dôme d’observatoire et que le street art peuple les murs d’astronefs, de voyageurs de l’espace et d’extraterrestres, tous aussi banalement explicites qu’improbables.

Photographié à Paris par Olivié Audigé

Photographié à Paris par Olivié Audigé

Ce qui ne veut pas dire que la « littéralité » soit sans charme ni surprises, au hasard d’un cliché et de sa lecture. Comme la supplique  que Neil Armstrong semble adresser de son mur à la passante sur le trottoir.  Il y a aussi les objets qu’on appellera « non-identifiés » et qui se prêtent aux interprétations, telle cette étrange sculpture qui pourrait aussi bien être un engin spatial qu’une tête de robot …

Il ressort de toute cette imagerie recueillie qu’en dépit – ou peut être à cause – de la conquête spatiale devenue réalité, ce sont les stéréotypes de la science-fiction qui continuent à nourrir la vision de l’espace. Ce que déplore François Cheval qui dénonce « des images mièvres, lénifiants et douteuses qui prouvent, malheureusement, qu’ici bas l’imagination faiblit et que l’on a renoncé au songe » (p.94). Tandis que Ugo Bellagamba, constatant « la quasi-absence (…) d’images de nature apocalyptique » en conclut que « l’espace, fut-il sur la terre, n’est pas destiné être une menace ou une fin, mais avant tout, pour une humanité qui peine encore à sortir du stade de l’enfance, un merveilleux terrain de jeu » (p.17).

Alors que faire de ce corpus photographique ? Quelle suite donner à ce projet? Une discussion au sein du comité d’orientation de Cosmothropos livre quelques pistes. Notamment, l’idée de considérer le matériel réuni comme un « instantané« , un « corpus circonstanciel« , à renouveler d’ici quelques années, pour travailler sur des témoignages d’époques différentes, à partir d’axes de recherches qu’on aura pu dégager de ces archivages successifs.

La réflexion va donc se poursuivre, avec peut-être la nostalgie de ce temps où « enfant tu regardais les étoiles filantes, avec au creux du ventre la grande exaltation de l’inconnu« … (3)

Vaisseau spatial? "étrange sculpture" photographiée à Vitry par Daniel Bourgniat

Vaisseau spatial? « étrange sculpture » photographiée à Vitry par Daniel Bourgniat


(1)
Voir l’article à ce sujet.

(2) Ces spécialistes et auteurs sont : Danièle Alexandre-Bidon, historienne médiéviste ; Ugo Bellagamba, spécialiste de la science-fiction ; Raphaële Bertho, historienne de l’art ; Bernard Chambaz, écrivain; David Christoffel, écrivain ; Raphaël Dallaporta, photographe ; Agnès Grégoire, rédactrice en chef du magazine Photo ; Jean-Pierre Luminet, astrophysicien ; Vannina Maestri, écrivain ; Éric Pessan, écrivain ; François Soulages, philosophe, ainsi 3que les membres du comité d’orientation de Cosmothropos.

(3) Eric Pessan, Gagarineßtrasse, in Cosmothropos, les empreintes de l’espace sur terre, p. 109

www.cnes-observatoire.fr

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Un commentaire pour COSMOTHROPOS : Le livre

  1. claire dit :

    Drôlement chouette !

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