La Maison du Limousin à Paris, accueille jusqu’au 6 avril 2013 une exposition du CRIMP. Derrière cet acronyme, se cache le Centre de Recherche international de Modélisation par le Pli. Née en 2000 à Saint-Aulaire, près de Brive-la-Gaillarde, cette structure se propose de développer des outils de recherche en modélisation en utilisant les possibilités du pliage et du froissage. Champignons, structures végétales et minérales, éléments du monde marin…. ont ainsi pu être modélisés de façon originale.
À la croisée de l’art, de la technique et des mathématiques, ces origamis sont saisissants et riches de perspectives …
On peut les voir déjà de la rue, dans les vitrines de la Maison du Limousin. Avec notamment ce sous-bois de champignons réalisé entièrement par les techniques du pliage et du froissage Placés en milieu naturel certains de ces champignons n’ont-ils pas fait illusion au point d’être la proie d’insectes?
L’équipe pluridisciplinaire du CRIMP s’inspire uniquement de la nature, végétale et animale. Il ne s’agit pas simplement de « copier » ces éléments naturels, mais d’élaborer les « modèles », au sens mathématique du terme, à l’oeuvre dans la genèse et l’apparence de leurs formes, afin de pouvoir les reproduire par les seuls pliage et « froissage structuré » – une spécialité développée par le CRIMP – des feuilles de papier. Des origamis complexes qui nécessitent des papiers extrêmement fins – jusqu’à 5 grammes par mètre carré – qui ne subissent bien sûr ni découpe, ni collage.

Détail de la surface d’une antenne d’abeille
Les images et vidéos présentées dans l’exposition révèlent à la fois la complexité de la nature dont s’inspirent le CRIMP et les étonnantes propriétés plastiques et dynamiques des « objets » réalisés à partir de recherches effectuées depuis maintenant une bonne quinzaine d’années. Si l étude des différentes formes de champignons a inspiré les premiers modèles de papier plié/froissé, la recherche s’est vite élargie. Le détail de la surface d’une antenne d’abeille grossie des milliers de fois au microscope révèle une forêt de pointes tandis que la contemplation d’un simple chou romanesco nous initie au vertige des fractales.

« Corail blanc » © Suzanne Dugan/coll. Autriche).
Un vertige que l’on retrouve dans la capacité de répéter un motif, en théorie à l’infini par le processus de multiplication des plis avec une même feuille de papier. « En pratique , en employant la méthode simple de multiplication, 256 pointes ont pu être créées. Ces grilles géométriques ont développé des modèles acceptables de fleurs, bourgeons, éponges, oursins, anémones et coraux« , nous explique-t-on. En témoigne ce « corail blanc », plié en 2001 par Anne-Cécile Planck (100 sections pliées au centre d’un carré de papier format 100x100cm- pour un objet fini d’environ 10 cm de diamètre ). (1)
Tout cela a de multiples perspectives d’application, qui font actuellement l’objet de recherches très actives et diversifiées. C’est ainsi que » pliage classique, origami modulaire sont mis au service du projet « Plythagore » au sein du Crimp, qui bénéficie de l’appui de professeurs de mathématiques et de scientifiques« . Sur le plan artistique, le pliage, « se prête à une approche originale et légère de la troisième dimension et permet l’étude des structures et propriétés des formes. La sculpture et l’architecture sont donc tout particulièrement concernées« . Tout comme le monde du spectacle, avec la réalisation de décors, costumes et accessoires…
Parallèlement à l’exposition, des ateliers d’initiation au pliage ont lieu le 6 avril 2013 à la Maison du Limousin. Où l’on en profitera pour découvrir porcelaines et produits du terroir…

choux-romanesco © DR
(1) Pour en savoir plus sur les techniques de pliage, lire sur le site du CRIMP l’article de Vincent Floderer : Formes froissées/pliées dans la nature
La Maison du Limousin
30 rue de Caumartin – 75009 Paris
(à l’angle de la rue Caumartin et de la rue Boudreau)
Tel : 01 40 07 04 67