ERNESTO NETO au Grand Palais : « Nosso Barco Tambor Terra »

Ernesto Neto/Grand Palais/ Juin 2025 / Photo db

L’artiste brésilien Ernesto Neto inaugure la saison estivale du Grand-Palais avec une installation monumentale dans la nef. Nosso Barco Tambor Terra  – Notre Bateau Tambour Terre – est une sculpture faite de lanières de tissu de coton crochetées en un immense filet, formant comme une coque renversée de bateau, à la fois suspendue et reliée à la terre par des « arbres » tissés du même matériau. La sculpture abrite des instruments de musique à percussion venus de divers horizons que le visiteur est invité à faire résonner. Une expérience inédite…
À voir du 6 juin au 25 juillet 2025.

Une fois les chaussures ôtées – c’est obligatoire, des bancs et des casiers sont là à cet effet – pour pénétrer dans l’espace aussi beau qu’insolite de Nosso Barco Tambor Terra, il y a d’abord le contact avec le tapis d’écorces que le pied doit apprivoiser, une « terre » à fouler avec précaution. En même temps, l’odorat est sollicité par les effluves d’épices du monde émanant des sachets de tissu suspendus aux « arbres ».

Ernesto Neto, « Nosso Barco Tambor Terra »/Grand Palais Juin 2025 / Photo db

Et puis tous les instruments du monde entier, de formes, de matériaux et de sonorités si diverses suscitent notre curiosité et sollicitent notre ouïe. C’est en commençant à apprendre à jouer du tambour qu’Ernesto Neto dit avoir eu la perception de la nature double – végétale et animale – de cet instrument fait de bois et de peau.  

Ernesto neto, « Nosso Barco Tambor Terra »/Grand Palais/ Photo db

Si ces instruments renvoient à un monde pluriel, sous toutes ses formes, pour l’artiste brésilien ils évoquent aussi la possibilité d’une communication universelle par le biais de pulsations et de rythmes. (1)

Métaphore d’une nécessaire reconnexion à la terre, au monde, par le biais de tous nos sens, l’œuvre d’Ernesto Neto est aussi une métaphore de l’Histoire. Celle où le bateau – o barco – a eu un rôle décisif, en permettant aux Portugais et Espagnols, et d’autres à leur suite, de franchir l’Atlantique et d’instaurer un nouvel ordre sur la planète, marqué par la violence du colonialisme, de l’esclavage… Ernesto Neto dit en avoir eu une révélation « viscérale » à Lisbonne face à l’estuaire du Tage ouvrant sur l’océan atlantique… Toute son œuvre est nourrie symboliquement de cette histoire et de ses contradictions.

Symbolique aussi est le matériau utilisé par l’artiste, le « chita » (chintz), un tissu de coton bon marché répandu au Brésil et souvent orné de motifs floraux, qu’il  coupe et dont il crochète minutieusement les bandes avec l’aide de collaborateurs.(2) Une technique, perfectionnée au fil des ans dans son atelier à Rio de Janeiro – où l’artiste, né en 1964, vit et travaille – et qui constitue désormais la base de ses sculptures, fruits d’un travail collectif.

Ernesto Neto, »Nosso Barco Tambor Terra »/ Texte chanson créée par l’artiste/ Photo db

L’exposition est une Production le GrandPalaisRmn, dans le cadre de la Saison Brésil-France 2025, réalisée en partenariat avec le MAAT – Musée d’Art, d’Architecture et de Technologie (où Nosso Barco Tambor Terra a été présentée en 2024), .  

(1) Le 8 juin à 18h a lieu un concert public organisé en collaboration avec la Philarmonie de Paris. Les percussion d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie et d’Europe dialogueront avec l’installation Nosso Barco Tambor Terra. Une dizaine de percussionnistes joueront sur les instruments de l’œuvre en interprétant une création inédite.
(2) Produit « colonial » par excellence, puisque le chintz est originaire de l’Inde et a servi de monnaie d’échange dans les « comptoirs » portugais de la péninsule… Pour en savoir plus, cliquer ici

ERNESTO NETO/Nosso Barco Tambor Terra/Grand Palais/Photo db

Nosso Barco Tambor Terra
Tous les jours de 10h à 20h
Exposition fermée le 14 juillet
Entrée libre sans réservation

la NUIT BLANCHE – 7 JUIN :
ouvert jusqu’à 2h du matin
(avec interruption entre 21h et 22h)

Accès
Entrée Gabrielle Chanel
Avenue Winston Churchill
75008 Paris


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