Abbaye de Fontevraud, la French MultiTouch

Aliénor d'Aquitaine (détail gisants) / DB

Cité monastique du XIIe siècle à la Révolution française, centrale pénitentiaire aux XIXe et XXe siècles, l’abbaye royale de Fontevraud est aujourd’hui un site patrimonial et artistique ouvert  au public, une destination touristique au coeur du val de Loire. Sa restauration au fil des décennies s’accompagne d’un ambitieux projet culturel conjuguant passé et innovation technologique.

« Réinscrire le monument dans l’Histoire et réactiver la notion de cité« : c’est ainsi que David Martin, le secrétaire général de l’abbaye royale de Fontevraud, résume le projet. Une histoire qui, de la création de l’abbaye au tout début du XIIe siècle au départ en 1983 des derniers prisonniers, aura été marquée par l’enfermement, monastique puis carcéral, dont l’architecture conserve les traces mêlées.

L’Espace Mutitouch

L'Espace Mutitouch / Photo DB

Tout un symbole, donc, que la récente installation au sein même de l’abbatiale, à proximité des gisants, de l’Espace Multitouch, un dispositif high-tech permettant de visualiser les deux siècles durant lesquels l’abbaye a été une des plus grandes prisons de France.

Présenté  comme « prototype d’un dispositif de découverte muséographique« ,  cette installation – qui va être testée pendant tout l’été – se compose d’un vaste plateau tactile de 1,50 m de coté inséré dans une cabine écrin  transparente. La dimension de la table Multitouch, permet une découverte conviviale puisque plusieurs visiteurs (quatre étant le nombre idéal) peuvent l’activer en même temps. Par simple effleurement d’un point sur la table lumineuse où est représentée une vue aérienne du site de l’abbaye de Fontevraud, apparaissent différents types de contenus – textes, images, photographies, vidéos et animations 3D – fournissant les explications sur tel ou tel aspect de l’histoire et de la vie carcérale, de manière plus ou moins détaillée en fonction du niveau d’information souhaité par le visiteur, lequel ouvre, déplace et ferme les documents à sa guise.

La table multitouch en action / Photo DB

Réalisé à l’instigation de la Région des Pays de la Loire, ce projet au service « d’une nouvelle expérience de médiation culturelle » s’inscrit aussi dans le programme régional Design’In qui a pour objectif de « renforcer la prise en compte du design comme facteur de développement du territoire« . Quant aux entreprises partenaires (1) – le projet a sollicité une trentaine d’intervenants, tous corps de métiers confondus – elles espèrent un déploiement de ce type de dispositif vers d’autres musées.

« Musée éphémère », acte 1 : Jean Genêt

Plus classique, et toujours dans la mise en valeur de la dimension carcérale du site, la création d’un musée dit éphémère. « Une appellation paradoxale, tient à préciser d’emblée David Martin, puisque ce n’est ni un musée, ni éphémère« …  C’est un brin perplexe qu’on est allé voir sur place. En fait, le projet consiste à installer à terme sept expositions permanentes en des lieux différents de l’abbaye, dédiée chacun à un personnage illustrant un moment de l’histoire du Lieu. Jean Genêt (1910-1986) est la première figure choisie.  Si, contrairement à la légende, il n’ a jamais été incarcéré à Fontevraud, l’écrivain et poète évoque la sévérité de la centrale dans Le Miracle de la Rose.

Deux nouveaux espaces du  « musée éphémère » devraient voir le jour en 2010 : « Robert d’Arbrissel, la naissance de Fontevraud » et « Aliénor d’Aquitaine, l’essor ». Le premier, prêcheur errant, surnommé le « semeur du verbe divin », fonde effectivement Fontevraud en y installant sa communauté  en 1101. Une communauté mixte à la tête de laquelle il place une abbesse. Mixité et pouvoir féminin – 35 abbesses, souvent de sang royal se succéderont jusqu’à la Révolution – ont fait de Fontevraud une cité monastique singulière.

Quant à Aliénor d’Aquitaine qui fut reine de France, puis d’Angleterre, et joua un rôle important dans la politique et les arts de son temps, elle acheva sa longue vie (1124-1204) retirée à Fontevraud où elle est inhumée. On peut voir dans la nef de l’abbatiale son célèbre gisant aux côtés de son second mari Henri II Plantagenêt, de son fils Richard Coeur de Lion et d’Isabelle d’Angoulême, épouse de Jean-sans-Terre.

L'abbatiale de Fontevraud / Photos DB

(1) Mazedia, porteur du projet, agence deconception multmédia, très active dans le domaine de la muséographie //Boscher, entreprise spécialisée dans la signalétique et le mobilier, particulièrement dans le domaine muséographique (musée du Quai Branly, Cité de l’Architecture et du patrimoine, etc…) // ATB-PL, une société angevine spécialisée dans le design.

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