Le VILLAGE des CREATEURS s’expose au Palais Royal à Paris

Blue Mustach / Photo Olivier Brauman

À l’occasion du 10ème anniversaire du Village des Créateurs de Lyon, la galerie d’art Joyce, dans les jardins du Palais Royal, accueille jusqu’au 17 février 2012 le travail de dix créateurs Mode, Déco et Design soutenus par cette structure originale, mise sur pied en 2001, pour aider de jeunes talents à créer leur marque. Cette « montée » à Paris – qu’on attendait depuis 2011 – est l’occasion de découvrir la diversité et l’originalité de ces créateurs. Parmi eux, le lauréat du dernier concours Talents de Mode, organisé chaque année par le Village des Créateurs.

Il s’appelle Morgan Kirch, il est diplômé de l’école Esmod Lyon…Ce Lyonnais pur jus se distingue notamment par l’utilisation du cuir, « avec des empiècements marqués, des lignes très construites, un tracé sobre et le souci du détail ». Comme sur l’un des deux modèles de sa ligne de prêt-à-porter chic et sobre choisis pour l’exposition, où  l’on note un mélange de cuirs d’agneau et de veau et de tissu de laine. Il se dit « très exigeant sur la qualité des textiles et des cuirs », ces derniers venant d’un « célèbre fournisseur parisien ». On verra sur le book de sa collection 2012/2013 des variations avec  des cuirs cuivre/or, d’un bel effet en incrustation sur du noir ou du gris.

Nicolas Fafiotte - Morgan Kirch / Photo Olivier Brauman

Le second modèle est en soie, avec une double épaisseur de tissu au niveau de la jupe pour une meilleure tenue, et une discrète incrustation de perles noires de chaque côté du buste. Des modèles vendus en boutique entre 450 et 550 euros. Les deux « petites robes noires » de Morgan Kirche cohabitent plus qu’honorablement avec celles des « Tentativas », le duo franco-philippin lauréat du concours Talents de mode 2010 et de Nicolas Fafiotte, un « ancien » du Village désormais installé dans sa propre boutique-atelier à Lyon.

Car accéder au Village, c’est d’abord,  « une reconnaissance des professionnels qui participent au jury, présidé en 2011 par Mario Lefranc (Lefranc-Ferrand), un premier prix de 5000 euros, la jouissance d’un atelier-boutique, gratuitement la première année et à moitié prix la deuxième, la participation à des salons et bien sûr l’accompagnement du Village des Créateurs », rappelle Isabelle Gleize, sa directrice depuis 2003. Sans oublier le charme et l’originalité du passage Thiaffait où  est installée la dizaine d’entreprises résidentes, dans une « traboule » sur les pentes de la Croix-Rousse, un lieu historique du XVIIIe siècle classé au Patrimoine de l’Unesco.

C’est bien pourquoi la montée à Paris pour ce dixième anniversaire ne pouvait pas se faire n’importe où, et il valait la peine d’attendre, quitte à empiéter sur le début de l’année suivante, pour que la dizaine de créateurs sélectionnés – 10 ans-10 créateurs – ait pour écrin la galerie Joyce, sous les arcades des jardins du Palais-Royal, côté Valois. Il est conseillé d’y accéder par la place Colette, pour avoir le plaisir de zigzaguer entre les colonnes de Buren – oui on aime, de jour comme de nuit – bordées en ce moment par le théâtre éphémère de la Comédie-Française…

Sophie Guyot / Photo DB

Peut-être inspiré par Buren, on passe du noir au blanc avec la créatrice textile Sophie Guyot qui expose deux robes avec leurs accessoires. Elle travaille essentiellement la soie blanche qu’elle teint et plisse. Ses réalisations, en pièce unique ou en séries limitées sont d’un extrême raffinement. Comme cette robe en bourrette de soie ornée d’une multitude de broches en pongé et mousseline, dans un dégradé de l’ivoire au marron taupe, obtenu par une teinture naturelle à la cochenille. Un autre modèle, plus dépouillé, en mousseline de soie, s’orne d’une seule écharpe plissée amovible. Sophie Guyot a ouvert son atelier il y a une dizaine d’années dans ce même quartier de la Croix-Rousse.

Changement radical de style avec les T-Shirts décalés de « Blue Mustach », prix Coup de cœur du Jury de Talents de Mode 2011. On ne s’étonnera pas d’apprendre que leur très jeune – 20 ans – auteur, Guy Pontal, est passé  par les arts du spectacle à Lyon et les Beaux-Arts à Saint-Etienne. Graphiste avant tout, il s’inspire du Pop’art ou du Street art, et l’effigie détournée de Staline  – « meilleure vente de l’année » – côtoie celle de Karl Lagerfeld, devenu Karl Vador en référence à la Guerre des Etoiles. « La marque ne se prend pas du tout au sérieux, indique Maxime Lutaud, son sous-directeur. Guy Pontal utilise des codes, des images que tout le monde connaît plus ou moins et qu’il maltraite un peu, taquine. Une manière de s’amuser avec les codes et icônes de la société actuelle ».

BonChic BonChien / Photos DB

Notre regard est attiré, au pied de « Staline », par un petit renard taxidermisé au museau orné d’une moustache noire. Il est revêtu d’un T-shirt/petit manteau qui n’est pas l’œuvre de Blue Mustach mais un clin d’œil à la marque de la part d’une autre marque, Bonchic Bonchien, créée en 2009 par Céline Boulud, 1er prix ex-aequo de Talents de Mode la même année, présidé par Chantal Thomass. On l’avait rencontrée en 2010 dans sa boutique du passage Thiaffait. Un peu moins d’un an plus tard, elle investissait les locaux d’une crèche pour chien dans le troisième arrondissement de Lyon, trouvant là boutique et atelier. Avec toujours des nouvelles collections de vêtements et accessoires pour chien et des projets d’événements organisés avec la crèche. Céline Boulud le reconnaît, le village a vraiment été un tremplin pour le lancement de sa marque, actuellement diffusée dans une cinquantaine de boutiques, et reste un « relais fondamental pour la communication ».

FST Handwear / Photo Olivier Brauman

Autre retrouvaille à la galerie Joyce, la marque de gants FST Handwear. Ses trois créateurs originaires de Grenoble, capitale historique de la ganterie de Luxe, ont fait du gant un véritable support artistique avec des impressions originales sur une maille textile. La paire de gants est vendue une trentaine d’Euros. (1)

Si la marque est présente dans quelque 300 magasins en France, les modèles présentés à Paris, signés d’artistes et édités en très peu d’exemplaires (quatre paires), ne sont pas destinés à la vente en boutique. Car, au-delà de ses propres collections, FST Handwear organise chaque année un événement, One More Toy, « un clin d’œil aux ‘Art Toys’, ces petites figurines sur lesquelles des artistes viennent dessiner, pour montrer que le gant peut être un nouveau support d’expression artistique ».

Un modèle BROKANTE / Photo Lili Eys

Une nouvelle marque, BROKANTE,  a été lancée cet hiver. « Elle mélange maille et agneau pongé sur un positionnement un peu haut de gamme, explique Philippe Larguèze, co-créateur des deux marques. C’est-à-dire des gants vendus entre 55 et 99 euros. Nous travaillons sur des matières françaises, que nous imprimons à Lyon, et c’est une Lyonnaise, Emilie Menu, qui signe le design ». La collection est référencée dans une centaine de points de vente en France et à l’étranger.

Usin-e / Photo DB

Coté design, versus décoration, la marque USIN-e  est présente notamment  avec son fameux aquarium  « Air 2 », sélectionné pour l’exposition Talent de la Design Week de Eindhoven. Leurs créateurs, Amaury Poudray et Rémy Bouhachiche, diplômés de l’Ecole supérieure d’art et de Design de Saint-Etienne, se distinguent par la pureté des lignes, l’éclectisme des matériaux, et une haute technicité sous une apparente
simplicité.

Anne Thomas / Photo Olivier Brauman

Les bijoux sont présents à la galerie Joyce avec les créations de Laurence Opperman et leur parfaite maîtrise du métal forgé et martelé, et celles de Anne Thomas, associant céramique, métal, et plus récemment velours, avec des couleurs franches et éclatantes, pour lesquelles on avoue un coup de cœur.

Si l’exposition à la galerie JOYCE  permet de découvrir le travail de dix créateurs, ce sont actuellement quelque 70 jeunes marques que le Village accompagne dans toute la région Rhône-Alpes.

Souhaitons que le rendez-vous parisien avec le Village des Créateurs se fasse plus régulier…


Pour en savoir plus sur le Village des Créateurs, lire l’article : Le Village des créateurs à Lyon : Dix ans déjà… et sur les créateurs soutenus par le Village : cliquer ici

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