CAUBÈRE joue « MARSIHO » à la Maison de la Poésie

P1100467-001Sans attendre que frappe vraiment l’hiver, il fait bon aller se réchauffer l’âme et le corps avec le texte d’André Suarès (1868-1948) sur Marseille – Marsiho en provençal – joué par Philippe Caubère  à la Maison de la Poésie à Paris. Pendant deux heures, seul sur scène, l’acteur fait vivre ce texte où l’auteur fait vivre la ville qui les a vus naître tous deux, à presque un siècle de distance. Une ville unique, à l’ambivalence aussi folle que le mistral qui y souffle… À voir jusqu’au 13 janvier 2013. 

Pour Philippe Caubère, si « Marsiho est sans doute le plus beau livre jamais écrit sur Marseille« , l’éloge est à la hauteur du regret de voir son auteur si méconnu. (1) Car, « qui se doute à Marseille, qu’avant Edmond Rostand, Antonin Artaud, Marcel Pagnol ou Albert Cohen,  nous avons eu la chance d’avoir comme compatriote l’un des plus grands écrivains français et même européens du XXe siècle« . Hommage est donc rendu à André Suarès (« avec un « s » s’il vous plait, et pas un « z ») en ouverture du spectacle, avant d’entrer dans le vif du sujet : le Marseille des années 1930, mais toujours actuel, que restitue le texte écrit en 1931.

Philippe Caubère, "Marsiho" , Maison de la Poésie, 2012©Michèle Laurent

Philippe Caubère, « Marsiho » , Maison de la Poésie, 2012©Michèle Laurent

Un texte « vrai, passionné mais sans indulgence, lyrique mais sans pitié, dur et grandiose comme son sujet » comme l’a écrit Caubère (2) et comme il le donne à entendre sur la scène de la Maison de la Poésie. Une scène nue, un espace vide où l’acteur, vêtu d’un costume de toile écrue sur une chemise blanche au col ouvert, va progressivement faire exister la ville. Des images vont surgir de la seule force des mots et du jeu.

Le mistral va souffler sur la scène comme il souffle sur Notre-Dame de la Garde et sur le vieux port. Ne nous méprenons-pas. Ici point de machinerie soufflante : seules les mains agitent la veste, seule la difficile progression du corps ployé (« mets ton chapeau sous tes pieds, si tu ne veux pas qu’il coiffe le château d’If« ), seuls les mots font exister le vent, « ses grands jeux de géant sur la joue des maisons et la nuque des hommes« . Et quand  cessent les mots, c’est comme si le calme revenait après la tempête.

Quand souffle le mistral… Philippe Caubère, "Marsiho", Maison de la Poésie 2012 ©Michèle Laurent

Quand souffle le mistral… Philippe Caubère, « Marsiho », Maison de la Poésie 2012 ©Michèle Laurent

On se promène dans Marseille, sur le vieux port, la Canebière (mais sans pastis ni accent), dans les quartiers mal famés, on s’interroge sur ce qui rend si unique cette ville à la fois aimée et honnie… Honnie comme la bourgeoisie, qu’elle aille à l’opéra ou hante la Bourse du Commerce. Et dans la description anthologique qu’il fait de celle-ci, Suarès  nous devient d’autant plus proche qu’on vient d’apprendre que Tapie revenait aux affaires dans la cité phocéenne, Capitale européenne de la Culture en 2013…

Marsiho, terre des contrastes… Comme le texte d’André Suarès, entre poésie et fureur; comme le jeu de  Philippe Caubère qui nous l’a donné à entendre. (3)

Philippe Caubère, "Marsiho", Maison de la Poésie 2012 ©db

Philippe Caubère, « Marsiho », Maison de la Poésie 2012 ©db


(1)
C’est pourquoi le spectacle est dédié à Robert Parienté « qui consacra sa vie à faire connaître et reconnaître l’oeuvre injustement oubliée  de cet immense écrivain marseillais et français« . Robert Parienté est l’auteur de  André Suares, l’insurgé, publié en 1999 aux éditions Robert Laffont,  et a préfacé plusieurs ouvrages de Suarès.
(2) Dans Le Condottière, ouvrage collectif en hommage à André Suarès, publié en 1998 chez Actes Sud à l’occasion du cinquantenaire de sa mort.
(3) Comme il nous avait magistralement donné à entendre André Benedetto dans Urgent Crier,  en décembre 2011 sur cette même scène de la Maison de la Poésie.

La Maison de la Poésie
Passage Molière/157 rue St-Martin 75003 PARIS
01 44 54 53 00

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