
Ronan Barrot, « Le Vent », 2012, coll. part. © db
Suite à l’acquisition en 2011 d’ une oeuvre majeure de Jules Dupré (1811-1889), Environs de Southampton, venue s’ajouter aux autres tableaux de cet artiste dans ses collections, le Musée d’art et d’histoire Louis Senlecq à l’Isle-Adam a inauguré en novembre 2012 une nouvelle salle d’exposition permanente consacrée à la peinture de Jules Dupré et aux peintres des bords de l’Oise.
Dans le même temps, avec une soixantaine d’oeuvres récentes de Ronan Barrot, le musée propose le regard d’un artiste contemporain sur ces fondamentaux de l’art que sont la peinture d’histoire et le paysage.
A voir jusqu’au 24 février 2013.
C’est la connaissance et l’admiration de Ronan Barrot pour les peintres français de paysage, comme Théodore Rousseau et Jules Dupré – « cette peinture fort belle mais un peu oubliée aujourd’hui« , comme le souligne Anne-Laure Sol, la directrice du Musée – qui ont suggéré l’organisation de cette exposition.
Si l’on ne connait ni Jules Dupré ni Ronan Barrot – ce qui était le cas, on l’avoue, de l’auteur de ces lignes avant de se rendre à l’Isle-Adam – une citation affichée à l’entrée de l’exposition nous apprend que la peinture du premier suscitait l’admiration de Van Gogh, lequel écrivait dans une lettre à son frère Théo : » Je trouve tout de même joliment beau le mot d’Israëls, disant d’un paysage de Dupré : C’est vraiment un portrait !« .

Jules Dupré, « Environs de Southampton », 1835 © Henri Delage / Musée d’Art et d’Histoire Louis Senlecq
Quant à Ronan Barrrot, né en 1973, il expose depuis une bonne douzaine d’années en France et à l’étranger et il est représenté à Paris par la galerie Claude Bernard, qui fut celle aussi de Francis Bacon et de Paul Rebeyrolle et où il a exposé à plusieurs reprises depuis 2007. Attentive à son travail depuis quelques années, Anne-Laure Sol, qui est également commissaire de l’exposition, dit avoir « toujours été frappée par l’expressivité de ses paysages, qu’ils soient théâtre ou sujet de ses tableaux« .

Ronan Barrot, « Conversation », 2011, coll. part. © db
Il est vrai que les toiles (en particulier Le Vent, Conversation, Le Voile) que l’on découvre dans les premières salles de l’exposition rendent évidente la puissance expressive de ces « paysages », surgis du mouvement et de la matière, aux confins de l’abstrait et du figuratif : « des compositions tourbillonnantes habitées d’êtres aux destinées indéchiffrables, (…) traitement à la fois hiératique et emporté du paysage », écrit Philippe Dagen. (1)

Ronan Barrot, « Paul Audi », 2011, coll. part. © db
Un « emportement » que l’on retrouve, maîtrisé mais présent, dans ses portraits, notamment celui du philosophe Paul Audi qui signe le texte du catalogue de l’exposition. (2) Un texte que salue Anne-Laure Sol, « La profondeur de l’analyse proposée par Paul Audi rend parfaitement hommage à cette peinture complexe, savante, mais qui s’exprime aussi dans la vigueur de l’action«

Ronan Barrot, « Cythère », 2012, coll. part. © db
Une vigueur également à l’oeuvre dans les petits formats des Mythologiques. Comme dans Cythère, où la chair le dispute à la terre, l’eau, le ciel, dans un mélange d’éléments et de matière puissamment érotique.
Du désir à la mort… De l’érotisme aux « vanités », ces « crânes » qu’il ne cesse de peindre depuis 1995 et qui tapissent les murs de la dernière salle. Si ces vanités s’imposent comme telles dans leur ensemble, elles n’en sont pas moins l’objet isolément d’un impressionnant processus de déstructuration. Une manière de revisiter un genre en le désintégrant, pour peut-être s’en tenir à l’acte – forcément subversif – de peindre, comme l’écrit Paul Audi : « (…) à l’instar de ses prédécesseurs qu’il honore et salue à la moindre occasion, Barrot fait de la peinture, point barre« . Quoiqu’il en soit, on peut dire avec Anne-Laure Sol que « à ceux qui déclarent depuis trop longtemps la mort de la peinture, Ronan Barrot apporte un démenti évident ».

Ronan Barrot, « Le Voile » (détail), 2010, coll. part. © db
(1) Philippe Dagen, préface au catalogue de l’Exposition présentée à l’Espace d’Art Contemporain Fernet-Branca à Saint-Louis (Haut-Rhin) du 4 avril au 16 août 2009.
(2) Escande *- Ronan Barrot, peintures, co-édité par les musées Louis Senlecq de l’Isle-Adam et Gustave Courbet à Ornans, ainsi que les éditions Snoeck à Grand-Courtrai (Belgique).
(* »scandale » en occitan)
L’ exposition a été réalisée en collaboration avec le musée départemental Gustave Courbet d’Ornans où elle sera présentée à partir de mars 2013.
Musée D’Art et d’Histoire Louis Senlecq
31 Grande Rue – 95290 L’Isle-Adam
tél : 01 34 69 45 44 / 01 34 08 02 72

Ronan Barrot, « Vanités » (365 crânes) 1995-2012 collections particulières © db
Si le rock est mort , laissant traîner une noire carcasse dynosaurienne,
avec Ronan Barrot la peinture n’est pas morte, c’est sûr.
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barrot t un grand peintre
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