« SÉOUL-PARIS-SÉOUL » : à la rencontre des peintres coréens au musée Cernuschi

Shim Kyung-Ja, Karma, 2002 © Shim Kyung Ja/D.R

Shim Kyung-Ja, « Karma », 2002 © Shim Kyung Ja/D.R

 

À l’occasion de l’année de la Corée en France, le musée Cernuschi – musée des arts de l’Asie de la Ville de Paris – organise jusqu’au 7 février 2016 une exposition consacrée à des artistes coréens  ayant travaillé ou travaillant toujours en France. Avec la présentation de soixante oeuvres d’une vingtaine d’artistes parmi les plus importants, la manifestation permet de découvrir la richesse et la variété de la création moderne et contemporaine coréenne et met en évidence l’importance des échanges artistiques avec la France à partir des années 1950.

Lee Ungno, "Parisienne"/ Collection musée Cernuschi © Parisienne de photographie/Roger-Viollet

Lee Ungno, « Parisienne »,
Collection musée Cernuschi © Parisienne de photographie/Roger-Viollet

Des échanges dont le musée Cernuschi est l’un des acteurs privilégiés avec les liens étroits établis et maintenus pendant plus de cinquante ans avec Lee Ungno (1904-1989) et l’Académie de peinture orientale de Paris, que l’artiste fonde en 1964. (1) Avec aussi les multiples expositions consacrées, au fil des décennies, à des peintres et des céramistes coréens contemporains.

BANG Hai Ja (1937 - ) "Vue sur Séoul", 1958 © Bang Hai Ja/ Hyun-Jin Bak

BANG Hai Ja (1937 – ) « Vue sur Séoul », 1958
© Bang Hai Ja/ Hyun-Jin Bak

Des relations croisées qui se poursuivent aujourd’hui, notamment à travers les collaborations mises en place avec le musée Lee Ungno de Daejeon.

C’est dans la continuité de ces relations que s’inscrit cette nouvelle exposition, SÉOUL-PARIS- SÉOUL organisée dans le cadre de l’année de la Corée en France. De la vingtaine d’artistes représentés (2), un  seul nous était connu : Kim Tschang-Yeul (né à Séoul en 1929), pour avoir fait l’objet d’une rétrospective à la galerie nationale du Jeu de Paume en 2004. (3) On a retrouvé avec plaisir six toiles du « peintre à la goutte d’eau« . Installé à Paris depuis 1969, l’artiste a fait de ce motif, symbole de pureté et d’évanescence, le seul sujet de son oeuvre et « véhicule de sa méditation » (Michel Nuridsany).  Présentées dans l’espace thématique dédié aux « Permanences calligraphiques », les oeuvres de Kim Tschang-Yeul témoignent aussi, parmi d’autres, de l’influence encore prégnante de l’écrit, de la calligraphie  sur nombre d’artistes, quelle que soit la manière dont ils l’intègrent à leur création.

Kim Tschang-Yeul, "Récurrence" © Musée Cernuschi/photo db

Kim Tschang-Yeul, « Récurrence » © Musée Cernuschi/photo db

 

Cet héritage de la calligraphie constitue un des éléments d’une « identité coréenne » sur laquelle s’interroge l’exposition. Il y a aussi un rapport particulier à la matière, présent dans plusieurs oeuvres, avec l’utilisation du papier ou du charbon, comme Lee Bae (Body Mass M1, charbon sur toile, 1997- Issu du feu, charbon de bois sur toile, 2000). Mais l’encre de la calligraphie est elle-même  issue du feu et du bois, comme le fait remarquer Mael Bellec, conservateur au musée Cernuschi et commissaire de l’exposition. Dans ce registre  de « l’imagination de la matière », citons les oeuvres de Shim Kyung Ja, née en 1944, qui crée des paysages en abîme, avec encre et couleurs sur papier à partir d’empreintes de souches d’arbres (Karma, 2002).

Lee Bae, "Body Mass M1", 1997 / coll. particulière/photo db

Lee Bae, « Body Mass M1 », 1997 / coll. particulière/photo db

 

Autre élément d’une identité coréenne, le rapport particulier de l’artiste à son oeuvre, « envisagée comme l’expression ou le lieu d’une communion avec la nature et le monde, voire le moyen d’une exploration des principes qui régissent et sont à l’origine de ce dernier« , en premier lieu la lumière, « au coeur du monde« . Une vision symbolisée par Bang Hai, né en 1937, avec son oeuvre sur papier Naissance de la lumière, 2014.  L’oeuvre est à la fois résultat et source de méditation, de « dialogue avec l’âme« .

Des oeuvres des années 1950 inspirées par l’Ecole de Paris ou l’Abstraction lyrique – c’est d’abord par les revues que  les artistes coréens ont connaissance de ces mouvements avant de venir à Paris – à celles, contemporaines, d’artistes nés pendant ou après la guerre, l’exposition du musée Cernuschi invite à une intéressante découverte de l’art moderne coréen, de sa diversité et de sa richesse puisées dans un aller-retour entre la tradition et l’art occidental.

BANG Hai Ja (1937 - ) "Naissance de lumière", 2014 pigments naturels sur papier © Bang Hai Ja/Jean-Martin Barbut

BANG Hai Ja (1937 – )
« Naissance de lumière », 2014
pigments naturels sur papier © Bang Hai Ja/Jean-Martin Barbut

 

(1) Une entreprise soutenue par des critiques influents comme Jacques Lassaigne (1911-1983), par des historiens d’art, par des artistes emblématiques de l’École de Paris tels Hans Hartung (1904-1989) et Pierre Soulages (né en 1919), ainsi que par plusieurs créateurs asiatiques parmi lesquels Zao Wou-Ki (Zhao Wuji, 1920-2013) , Zhang Daqian (1899-1983) et Foujita ( Fujita Tsuguharu, 1886-1968).
(2) Citons-les tous : Pai Unsung, Rhee Seund Ja, Kim Whanki, Lee Ungno, Bang Hai Ja, Han Mook, Moon Shin, Nam Kwan, Park Seo- Bo, Kim Tschang-Yeul, Yun Hyong-Keun, Shim Kyung Ja, Lee Bae, Chung Sang-Hwa, Paek Youngsu, Kim Guiline, Park In-Kyung, Hong Insook, Lee Jinwoo, Chae Sung-Pil, Won Sou-Yeol, Yoon-Hee.
Les œuvres exposées proviennent des collections du Musée Cernuschi, du Musée national d’art moderne de Séoul, du musée Lee Ungno de Daejeon ainsi que de collections privées du Centre national des arts plastiques et du musée Pierre André Benoît à Alès.
(3) Une exposition organisée dans le cadre d’un « travail de reconnaissance de l’art coréen » et qui faisait suite à celles organisées autour de Lee Ufan (artiste, écrivain et philosophe né en 1936)  et de Cho Duck-Hyun (née en 1957).

Hall d'entrée du musée Cernuschi © DeBelleschoses.fr/Photo db

Hall d’entrée du musée Cernuschi © DeBelleschoses.fr/Photo db

 

Musée Cernuschi

7 avenue Vélasquez 
75008 Paris
tél: 01 53 96 21 50 

Métro: Villiers ou Monceau 

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