Cathédrale Notre-Dame de Chartres, Chapelle Saint-Piat restaurée ©DRAC Centre-Val de Loire:François Lauginie

Fermé depuis près d’un quart de siècle, le trésor de la cathédrale Notre-Dame de Chartres, connu par des inventaires depuis 1322, est de nouveau accessible au public depuis le 21 septembre 2024. Quelque 150 objets liturgiques et oeuvres précieuses sont présentés au sein de la chapelle Saint-Piat entièrement restaurée au terme de sept années de travaux et dont la salle capitulaire s’éclaire désormais de quatre monumentales verrières contemporaines signées de l’artiste coréenne Bang Hai-Ja (1937-2022).

ND de CHARTRES, le choeur/ photo db

Pour accéder à la chapelle Saint-Piat située au chevet de la cathédrale de Chartres, il faut parcourir une partie de la nef. Laquelle a aussi fait l’objet d’importants travaux de restauration consistant principalement à dégager les enduits colorés originaux du XIIIe siècle, à nettoyer les vitraux médiévaux et à les protéger par des verrières de doublage extérieures. Des bâches protègent le chantier en cours de la reconstruction des grandes orgues et la restauration du buffet et dont l’achèvement est prévu en 2026.

Notre-Dame de Chartres, le Tour de Choeur, fragment/ Photo db

Ensuite, on longe en partie le tour de choeur, impressionnante frise de pierre sculptée de plus de sept mètres de haut et d’une centaine de mètres de long, dont l’édification, commencée en 1514, s’est achevée au début du XVIIIe siècle. (1)

Puis on parvient à la chapelle Saint-Piat où l’on pénètre après avoir gravi les quelques marches qui mènent à sa partie haute.

ND de Chartres, Chapelle Saint-Piat/ Photo db

C’est un espace lumineux qui s’offre au visiteur, grâce à la restauration des verrières – datées pour la plupart du milieu du XIVe siècle –  et à un nouveau sol à la patine claire, venu se superposer aux tomettes anciennes. L’espace laissé entre les deux revêtements a permis «d’installer un chauffage au sol et de remédier à l’humidité, problème majeur de la chapelle», explique Irène Jourd’heuil, Conservateur régional adjoint des monuments historiques (DRAC Centre-Val de Loire).

Au fond de la chapelle haute, une tribune a été créée qui offre une plus grande proximité avec les verrières et une vue d’ensemble de la salle, et donne accès à deux nouveaux espaces d’exposition aménagés dans les tourelles encadrant la façade orientale du monument.

Chapelle Saint-Piat, Trésor ND de Chartres, voile dit de la Princesse Irène / Photo db

C’est donc dans ces espaces remarquablement restaurés que s’exposent les quelque 150 pièces du Trésor de la cathédrale de Chartres. Ce trésor s’est constitué autour de reliques anciennes dont la plus précieuse est la Sainte Chemise (Sancta Camisa) – laquelle s’est avérée être un long voile – que Charlemagne aurait reçu de l’impératrice Irène de Byzance … Pour voir cette relique il faut se rendre dans une chapelle du déambulatoire où elle est exposée depuis les années 2000. Par contre on peut voir dans la chapelle Saint-Piat, le «Voile dit de la princesse Irène», qui a pu appartenir à l’impératrice d’Orient (758-803) et «enveloppait celui de la Vierge jusqu’à la profanation de la Sainte-Châsse en 1793». Un tissu très léger et luxueux, fait de soie et de fils d’or.

Trésor ND de Chartres, Colombe eucharistique de Goudji / Photo db

À ce trésor «historique», connu par des inventaires depuis 1322,sont venus s’ajouter des enrichissements postérieurs, jusqu’à nos jours, qui témoignent de «la perpétuation de l’art sacré», souligne Fabienne Audebrand, Conservateur des antiquités et objets d’art d’Eure-et-Loir (DRAC Centre-Val de Loire), d’autant qu’il «s’agit d’un trésor, et non d’un musée», et «les objets qui le composent sont toujours susceptibles d’être affectés au culte».

La présentation chronologique des objets dans les vitrines de la chapelle haute met en évidence cette continuité avec des créations récentes, comme cette Colombe eucharistique en argent de la fin du XXe siècle, une des très nombreuses oeuvres créées par Goudji, sculpteur et orfèvre français né en 1941 en Géorgie.

Trésor de ND de Chartres, retable du XVIe siècle, dépôt du musée du Louvre / Photo db

Un trésor qui s’enrichit aussi de dépôts, comme celui effectué par la musée du Louvre : un retable du XVIe siècle, seul élément conservé de l’autel des Onze Mille Vierges (1259) représentant la Naissance de la Vierge entre saint Jean l’évangéliste et saint Jean Baptiste.

Autrefois cantonnée à cette seule salle haute, la  présentation du trésor  s’étend maintenant au niveau inférieur, la salle capitulaire à laquelle on accède par un escalier construit à l’occasion de la restauration. (2)

Chapelle Saint-Piat, salle capitulaire, Statues du portail royal/Photo db

Dans cette salle, les restaurateurs ont mis au jour un cycle peint daté des années 1320 où figure notamment la plus ancienne représentation de la cathédrale de Chartres réalisée en cours de construction. On y trouve aussi les statues colonnes aux drapés hiératiquesdu Portail royal du XIIe siècle, ainsi que des vestiges des bas-reliefs des tympans.

Le tout baigné de la lumière des nouvelles verrières. Pour remplacer les quatre baies de la salle capitulaire dotées de simples verres losangés, un concours pour la création de verrières contemporaines a été lancé en 2018 et remporté par l’artiste coréenne Bang Hai-Ja (1937-2022) associée à l’atelier Glasmalerei Peters de Paderborn. Ces nouvelles et splendides verrières d’inspiration abstraite s’inscrivent dans la tradition de la cathédrale avec le bleu comme couleur dominante, tandis que leurs tracés circulaires sont une évocation de l’univers. Décédée le 15 septembre 2022, l’artiste n’aura jamais pu voir ses vitraux en place…

Bang Hai Ja devant ses vitraux dans l’atelier Peters, cliché Atelier Peters

Cathédrale Notre-Dame de Chartres
16, Cloître Notre-Dame
28000 Chartres
02 37 21 22 07

Visite libre tous les jours
De 8h30 à 19h30
Pour la visite de la chapelle Saint-Piat,
voir les modalités de visite sur le site de la cathédrale

Cathédrale Notre-Dame de Chartres / DR