Exposition ”Dans l’atelier de Leonardo Cremonini”

CREMONINI

1. Leonardo Cremonini, Mosca cieca / Colin-maillard , Lithographie, impression en 9 couleurs sur vélin © ADAGP, Paris, 2024

L’Académie des beaux-arts rend hommage à l’œuvre graphique de Leonardo Cremonini (Bologne 1925- Paris 2010), lors d’une exposition présentée jusqu’au 29 mai 2024 au Pavillon Comtesse de Caen. Sur les quelque deux cents estampes réalisées par l’artiste entre 1966 et 2009  et qui ont fait récemment l’objet d’une donation aux Beaux-Arts de Paris, l’exposition en rassemble 75 qui mettent en évidence l’univers et les thématiques de Leonardo Cremonini ainsi que la diversité de sa palette graphique. 

CREMONINI

Leonardo Cremonini / DR

Grâce aux donations effectuées entre 2022 et 2024 par Pietro Cremonini, fils de l’artiste, les Beaux-Arts de Paris se trouvent détenteurs de l’œuvre complet des estampes de Leonardo Cremonini. Si celui-ci –  considéré comme un  artiste majeur de la deuxième moitié du XXe siècle –  s’est d’abord formé  à l’Académie des beaux-arts de Bologne, puis à l’Académie des beaux-arts de Brera à Milan, son parcours de peintre l’a ensuite conduit à Paris, où il a vécu la majeure partie de sa vie en alternance avec des séjours dans ses ateliers de Bertinoro, Panarea, Trouville et Florence.

Chef d’atelier de peinture à l’École des beaux-arts de Paris de 1983 à 1992 et membre associé étranger de l’Académie, Leonardo Cremonini s’est lié, entre autres, aux peintres Francis Bacon, Balthus, Roberto Matta, Karl Plattner, Zao Wou-Ki, ainsi qu’à des figures du monde littéraire, qui ont consacré d’importants textes à son œuvre peint, comme Louis Althusser, Michel Butor, Dino Buzzati, Italo Calvino, Régis Debray, Umberto Eco, ou Alberto Moravia. (1)

CREMONINI

Leonardo Cremonini, La Spiaggia tra le righe / La Plage entre les lignes, 1967, lithographie, impression en 7 couleurs sur vélin © ADAGP, Paris, 2024

Si Leonardo Cremonini s’est essayé à l’eau-forte pendant ses études, il revient à l’estampe en 1966,  fort d’une maturité artistique et d’une oeuvre accomplie en tant que peintre. Il pratique alors ”tout à la fois la gravure, la lithographie et la sérigraphie dont il expérimente et exploite toute la richesse des matrices et de leur impression : découpe des cuivres, recombinaison des plaques, superposition des techniques, empreintes, gaufrage, multiplication des planches, variation des couleurs, fragmentation, recadrage, subtils emprunts et résurgences de motifs… d’une œuvre ainsi jamais refermée”, explique Anne-Marie Garcia, commissaire de l’exposition.

CREMONINI

Leonardo Cremonini, Les Parenthèses de la terre/ Le parentesi della terra 1979 – eau forte avec aquatinte, ancrage à la poupée, impression en six couleurs © ADAGP / Photo db

Le parcours chronologique de l’exposition ”Dans l’atelier de Leonardo Cremonini” met en évidence la cohérence de l’univers de l’artiste, ainsi que l’apparition récurrente de ses thématiques : la plage et l’été – le spectateur est littéralement enveloppé, aspiré par la chaleur et la lumière  -, l’enfance et ses mystères, la dialectique intérieur/extérieur par le jeu subtil des fenêtres, la sensualité des corps, le surgissement de formes aléatoires dans la nature.

Il y a aussi l’engagement, avec deux oeuvres fortes évoquant Mai 68. ”Je n’ai pas de message à délivrer”, disait Leonardo Cremonini, en parlant de son art. Un art qu’il a mis au service notamment de la lutte contre l’apartheid, en mars 1983,  en participant à l’exposition ”Artistes du monde contre l’apartheid”, réalisée en coopération avec le Comité spécial des Nations Unies contre l’apartheid ”.
C’est d’ailleurs avec l’oeuvre réalisée à cette occasion que l’auteure de ces lignes l’avait découvert … 

Capture d’écran 2024-05-14 à 16.29.46

(1) A l’occasion de cette exposition paraît le premier catalogue consacré aux estampes de Leonardo Cremonini, édité par Beaux-Arts de Paris éditions avec le soutien de l’Académie des beaux-arts. Reproduisant l’intégralité de la collection des Beaux-Arts de Paris, cet ouvrage de 400 pages comprend le catalogue raisonné de l’œuvre complet, rédigé par Anne-Marie Garcia conservatrice générale du patrimoine anciennement responsable de la collection des Beaux-Arts, la réédition de six textes fondamentaux écrits par Louis Althusser (1966), Michel Butor (1969), Alberto Moravia (1972), Umberto Eco (1977), Italo Calvino (1984), Jacques Brosse (1987) et Régis Debray (1995) ainsi que deux textes de Pietro Cremonini, fils de l’artiste.

Pavillon Comtesse de Caen de l’Académie des beaux-arts
Palais de l’Institut de France
27 quai de Conti, Paris VIe
Exposition ouverte du mardi au dimanche de 11 heures à 18 heures
Entrée libre et gratuite

Cet article, publié dans Culture, est tagué , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire