La Reine de Saba illustrée par Bourdelle

REINE de SABA DANSE

Bourdelle/Reine de Saba : « Balkis se dévoilant »

Le musée Bourdelle à Paris présente jusqu’au 17 mars 2024 un accrochage thématique autour de La Reine de Saba. Il s’agit d’explorer à travers livres, dessins et archives comment l’artiste a traité l’illustration d’une histoire légendaire : celle de l’amour entre la Reine de Saba et le roi Salomon. Écrit par l’orientaliste Joseph-Charles Mardrus en 1918 sous la forme d’un conte, ce récit a été proposé à Bourdelle en vue de la création d’une édition de luxe publiée en 1922. Il en résulte un remarquable ensemble d’ aquarelles dont une sélection est proposée dans cette petite exposition. Laquelle est aussi l’occasion de redécouvrit le musée Bourdelle qui a rouvert en mars 2023 après deux ans de travaux de restauration de l’atelier du sculpteur et avec un nouveau parcours dans les collections.

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Boudelle/Reine de Saba : « Salomon et Balkis dansant »

« Il était une fois une reine belle et sage au pays des Sabéens, qui régnait sur un vaste territoire s’étendant de la mer Rouge à l’océan Indien. Elle se rendit un jour en pèlerinage au pays de Judée, que son père lui avait tant vanté et que gouvernait alors le roi Salomon ... « 

Personnage légendaire, La Reine de Saba est présente dans les trois monothéismes.(1)  Les historiens arabes et le Coran donnent un nom à la reine de Saba : Bilkis. (2) C’est ce nom  que Joseph-Charles Mardrus retient pour raconter en 1918 la légende des amoureux mythiques.

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Bourdelle/La reine de Saba : la mort de Balkis « Ô mon dieu accueille-la au seuil de la maison éternelle ».

Au fil des pages, Bourdelle interprète librement le récit : « je déteste être esclave absolu d’un texte », confie-t-il. Chaque scène exprime une atmosphère unique et les personnages se métamorphosent au gré de déclinaisons multiples. Par sa palette aux tons chauds, Bourdelle donne corps à l’univers sensuel et mystique du texte de Mardrus. Ses « fresques », comme il les appelle, témoignent ainsi de la chaleur d’une sensibilité et la puissance d’un coloriste, dont la technique d’enluminure d’art de Jean Saudé restitue toutes les subtilités. Cette liberté créatrice le conduira, huit ans plus tard, à associer les compositions non retenues pour La Reine de Saba à l’édition d’un autre conte, selon un texte de Mardrus, Le Marié Magique.

Buste de Madame Lion, dit aussi La reine de Saba, bronze 1926

Bourdelle, Buste de Madame Lion, dit aussi La reine de Saba, bronze 1926

La Reine de Saba permet également à Bourdelle de poursuivre les recherches qu’il mène en sculpture. L’artiste synthétise les formes, oscille entre la sensualité d’une courbe et la rigueur d’une composition géométrisée, née de l’observation des sculptures égyptiennes et médiévales de sa collection.

« Balkis, princesse de merveilles et d’étonnements, demeure jusqu’à la mort l’unique épouse et amante de Salomon. Embaumée selon le rituel des pharaons de Saba, transportée dans les sables purs de Palmyre, la reine repose dans un cercueil en bois, dans une tombe de cristal gardée par un serpent immortel. Et nul d’entre les humains ne sait maintenant repose, toujours vivante, la reine du Sud et du Matin ».

(1) La rencontre entre la reine de Saba et Salomon, roi d’Israël, dans son palais de Jérusalem est un épisode très célèbre de la Bible. Dans la version initiale qui est celle du premier Livre des Rois (1 R 10, 1-10) et du deuxième Livre des Chroniques (2 Ch 9, 1-9), et qui fut reprise par l’historien judéo-romain Flavius Josèphe dans ses Antiquités juives (VIII, 165-175), Salomon, roi d’Israël, qui domine alors par sa sagesse et sa puissance une grande partie du Proche-Orient, reçoit la visite d’une reine qui gouverne avec magnificence le lointain royaume de Saba (ou Sheba), dans le sud de la péninsule Arabique. (In Histoire & civilisation, 24/112020)
« Le monde islamique, dans la foulée biblique, a inventé tout un florilège de légendes. La tradition éthiopienne fait descendre la dynastie salomonide, qui a régné sur l’Éthiopie depuis le début du 1er millénaire av JC jusqu’au XXe siècle, en droite ligne de Ménélik, fils mythique de Salomon et de la Reine de Saba. Selon une tradition occidentale et médiévale, celle-ci fut guérie d’une infirmité lorsqu’elle toucha le bois avec lequel sera taillée la croix du Christ. » (Richard Lebeau, in Intermèdes, le voyage culturel)
(2) « Les historiens pensent que la richesse légendaire du royaume de Saba, et que des femmes – fait surprenant ailleurs – aient pu exercer le pouvoir explique le développement du mythe de « la Reine de  Saba ». Toutefois, il reste vraisemblable que la Reine de Saba – celle de la Bible – ait existé et qu’elle soit venue d’Arabie du Sud. » (ibid.)

Atelier de sculpture après travaux, 2023 photo © Pierre Antoine

Musée Bourdelle, Atelier de sculpture après travaux, 2023 photo © Pierre Antoine

Musée Bourdelle
18 rue Antoine-Bourdelle
75015 Paris
Sur le parcours des collections
Entrée gratuite, sans réservation

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