Salon Rétromobile 2024 : une édition très éclectique

MONTAGE MÉTIER D'ART

Ce grand rendez-vous international d’automobiles de collection qu’est le salon Rétromobile s’est tenu du 31 janvier au 4 février au Parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris. Si cette 48ème édition était officiellement placée sous le signe d’un double centenaire : celui de la marque anglaise MG, réputée pour ses voitures de sport et ses records de vitesse, et celui  du circuit de Montlhéry, le célèbre anneau francilien,  un autre anniversaire était au menu, avec les 50 ans de la Golf.  Rétromobile 2024 inaugurait aussi un nouveau Village moto rassemblant une centaine de modèles de collection, tandis qu’une exposition était consacrée au rallye Dakar. Sans oublier le coup de projecteur sur le savoir-faire français et les initiatives pour la sauvegarde du patrimoine roulant, avec un espace dédié aux entreprises du patrimoine vivant (EPV). 

Si les 50 ans de la Renault 5 à Rétromobile 2022 ou le centenaire des 24h du Mans en 2023 parlaient à l’auteure de ces lignes, celle-ci doit avouer que les 100 ans de la marque MG la laissaient a priori quelque peu perplexe, à commencer par le sigle. Ça aura donc été l’occasion d’apprendre que « l’histoire de MG se confond avec celle de William Morris, le fondateur de Morris Garages ». Voilà pour l’explication du sigle de la marque qui apparait en 1924 avec la création de Old Number One, la première MG de compétition au volant de laquelle «  l’homme fort de MG remporte sa catégorie dans le Land’s End Trial de 1925. » L’homme fort, c’est Cecil Kimber, bientôt à la tête de la  M.G. Car Company Limited spécialisée dans la construction de voitures de sport qui allaient battre des records de vitesse et rendre la marque britannique célèbre. 

MONTAGE MG

Rétromobile 2024 / à gauche la MG de record EX181// à droite les MGA et MGB des années 1960 et la MG de 1932 / Photos db

Sur le stand on peut admirer la MG EX181 – dans une version superbement restaurée étincelante sous des lustres – avec laquelle en 1957 Stirling Moss pulvérise cinq records (395 km/h) et deux ans plus tard Phil Hill dépasse la barre des 410 km/h… Mais celle qu’on nous présente comme « l’icône de tous les records » (également restaurée), c’est la MGB, vendue à plus de 500 000 exemplaires entre 1962 et 1980. On apprend que Mick Jagger ou Paul McCartney, entre autres, se sont affichés à son volant… tandis qu’elle même s’affichait sur les écrans, grands et petits (James bond (L’homme aux pistolets d’or), Chapeau melon et bottes de cuir…). 

Le circuit de MONTLHÉRY : DR

Le circuit de MONTLHÉRY / DR

Des records, le circuit de Linas-Montlhéry en a connu, depuis sa création en 1924. Bien après l’Angleterre et les États-Unis qui s’étaient dotés dès 1907 et 1909 de pistes d’essais, la France inaugure les 11 et 12 octobre 1924 l’autodrome francilien de 2500 mètres de long. C’est là qu’entre 1931 et 1933 les Rosalie de Citroën battront des records de vitesse et d’endurance et qu’en 1934 la Panhard 8-cylindres bat le record du monde de l’heure à 214,064 km/h. L’autodrome enregistre 86% des records mondiaux battus entre 1925 et 1939. Avec ses virages concaves, son anneau de vitesse et une pente dénivelée de 51%, il obtiendra même le label « Patrimoine du XXème siècle », attribué par le Ministère de la Culture.

La CITROÊN petite Rosalie © Vincent Desmonts

La CITROÊN petite Rosalie © Vincent Desmonts

Bien d’autres records seront réalisés à la reprise des courses après la Seconde guerre mondiale. A la fin de l’année 1955, Montlhéry concentre les trois quarts des records mondiaux et internationaux. Au fil des années le profil des courses auto et moto évolue. Bien que privé de compétitions depuis 2004 en raison de normes de sécurité obsolètes, l’autodrome est toujours en activité avec les professionnels qui continuent d’y effectuer des essais de mises au point et des tests et avec les voitures anciennes qui viennent périodiquement s’y rassembler (Autodrome Heritage Festival). Mais pour l’auteure de ces lignes, le nom de Montlhéry reste à jamais associé à la moto et à la Dresch paternelle.(1) Si celle-ci ne concourrait pas, c’est avec elle que son père allait assister aux courses de motos sur le circuit. 

Mais point de Dresch, apparemment, parmi la centaine de deux roues exposée dans le Village Moto, à l’étage du Hall 1. Ce retour des motos au Salon est l’occasion de rendre hommage aux trois générations de la famille Monneret qui ont marqué l’histoire du véhicule. Une histoire évoquée sur le stand en présence du « benjamin de la fratrie », Philippe, né en 1958 et qui a remporté, entre autres, les 24h du Mans Moto en 1991.

IMG_20240131_150422

prototype Audi à moteur hybride / Photo db

Autre histoire où la moto a toute sa place :  celle du Rallye Paris-Dakar devenu Rallye Dakar, auquel Rétromobile 2024 a consacré une exposition. Si les 200 concurrents qui étaient au départ du premier Dakar en décembre 1978 étaient essentiellement des motards, la voiture y a rapidement conquis sa place, de Peugeot et Citroën qui ont dominé la compétition au tournant des années 1980… jusqu’au prototype Audi à moteur hybride, présenté sur le pont des expositions au premier étage avec une quinzaine de véhicules, dont cinq motos. 

La redescente en Escalator au rez-de-chaussée offre une impressionnante vue plongeante sur l’étendue du salon et son foisonnement. Où se détachent les losanges géants en néon fluorescents qui entourent le stand Renault. Au centre de celui-ci, entouré de voitures de compétition, trône … un avion! On apprendra que «  passionné par l’aviation, Louis Renault rachète en 1933 Caudron et crée la société Caudron-Renault » et que « le Rafale devient le porte-drapeau d’une série de monoplans de course conçus pour des records de vitesse par l’ingénieur aérodynamicien Marcel Riffard ». 

IMG_20240131_134141

Rétromobile 20024 : la première GOLF

On quitte les records, la vitesse, l’esprit de compétition, pour aller saluer la Golf, « cette berline compacte, qui accompagne les évolutions de la société depuis 1974, et a déjà été produite à près de 38 millions d’unités ». Celle qui fête aujourd’hui ses cinquante ans et qui , nous dit-on, « a fait basculer Volkswagen dans la modernité, prenant la relève de la Coccinelle, autre monument automobile produit à 21,5 millions d’unités ». Huit générations de Golf se sont succédé depuis 1974 dont on peut voir les modèles sur le stand.

Cinquante ans, c’est aussi, à quelques années près, l’âge de la Citroën GS. C’est aussi la quatrième et dernière voiture acquise par le père de l’auteure de ces lignes. Laquelle doit donc, comme elle le fait traditionnellement depuis qu’elle a commencé, il y a maintenant cinq ans, à arpenter les allées de Rétromobile, se mettre en quête d’une GS miniature qui ira rejoindre l’Aronde et la R8 sur une étagère. (2) . Elle aura bien du mal à la trouver, cette GS qui, selon les marchands spécialisés, se fait rare. Celle qu’elle aura réussi à dénicher sera de couleur bronze, et non vert amande, comme l’original. Et avec ce dernier achat se referme l’histoire automobile familiale en miniature , car il n’est pas question d’entamer une collection…

facel vega Camus

Rétromobile 2024 : Facel Vega HK500

L’esprit plus léger une fois cette mission accomplie, on peut encore flâner. En se laissant guider par la sonorité ou l’écho de quelques noms. Comme Facel-Vega, qui contrairement à ce qu’on imaginait est « une ancienne marque française d’automobiles de sport et de prestige, apparue au salon de l’Auto à Paris en octobre 1954 et disparue en octobre 1964 ». Le rutilant modèle (HK500) devant lequel on s’arrête est hélas le même que celui dans lequel Albert Camus a trouvé la mort 4 janvier 1960 à 13h55, sur l’actuelle D606, à Villeblevin dans l’Yonne. 

MONTAGE DEDION

Ou De Dion-Bouton, une société  fondée à Puteaux en 1883 par le marquis Jules Albert de Dion et l’ingénieur Georges Bouton, et leur fameux « Vis-à-vis », présenté au salon automobile de 1899, qui permettait d’accueillir deux passagers supplémentaires grâce à une seconde banquette faisant face à celle du conducteur. Un exemplaire, venu du musée Garino , est exposé sous le portrait quasi grandeur nature de ses géniteurs. (3) C’est là qu’un visiteur confiera n’avoir pas manqué un seul salon Rétromobile depuis sa création en février 1976 sur le site désaffecté de la gare Paris-Bastille… 

En ressortant, on prendra garde à ne pas se faire renverser par un taxi de la Marne qui fait un tour de piste… 

TAXI DE LA MARNE

(1) Une marque française créée par Henri Dresch au début des années 20, afin de proposer des motos de qualité vendues à un prix attractif. La première moto Dresch a été vue en 1923 au départ du Paris-Nice pilotée par Henri Dresch lui-même. La marque a été commercialisée jusqu’en 1950. 
À la Dresch du père est associée la Terrot du complice motocycliste de celui-ci. Et le nom de Lamontagne. Roger Lamontagne était un coureur et concessionnaire Terrot renommé sur Paris dans les années 1950.  Son magasin était situé au 50 de la rue du château Landon dans le Xème arrondissement. L’auteure se souvient d’y avoir plusieurs fois accompagné son père et de s’y être copieusement ennuyée tant celui-ci s’y attardait… Elle se souvient aussi que c’est avec la Dresch transformée en side-car que ses parents étaient venus la voir en Bretagne où elle était en colonie de vacances.
(2) La première, une Licorne, est introuvable… 
(3) Le musée, qui a ouvert ses portes dans un ancien garage en février 2013, porte le nom  de celui qui a œuvré à sa création : Gaston Garino (1927-2011), restaurateur de voitures de collection et conseiller municipal de Puteaux. Y sont notamment exposés cinq voitures d’époque de la marque De Dion-Bouton, des vélos, des cartes routières et des objets publicitaires.

Cet article, publié dans Art de vivre, Patrimoine, est tagué , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire