Musée des Avelines : « Un dimanche à Saint-Cloud »

Photo Audrey Bonnet/Musée des Avelines

C’est à un joli voyage dans le temps que nous convie l’exposition Un dimanche à Saint-Cloud, avec laquelle le Musée des Avelines inaugure un nouveau cycle de manifestations destiné à mettre en valeur son fonds d’histoire locale. Ce premier volet dédié au divertissement s’appuie sur un ensemble de dessins et lithographies réalisés pour la réédition en 1884 du Voyage de Saint-Cloud par mer et par terre, récit humoristique d’un Parisien du XVIIIe siècle découvrant Saint-Cloud comme un explorateur une contrée lointaine… D’autres documents –  gravures, peintures, cartes postales – évoquent  les fêtes et loisirs qui ont longtemps fait de Saint-Cloud une destination priviliégiée des Parisiens le dimanche. On y suit aussi les transformations du paysage clodoaldien au fil du temps. Nostalgie garantie… A voir jusqu’au 22 juillet 2012. 

On venait à Saint-Cloud « pour le bon air, meilleur que celui de Paris, pour sa fête de septembre, à l’occasion de la saint Clodoald,  et pour ses restaurants et guinguettes », rappelle Emmanuelle Le Bail, directrice du Musée des Avelines et commissaire de l’exposition.  C’est d’ailleurs la fête de Saint-Cloud qui  accueille le visiteur, matérialisée par une affiche dans le grand escalier menant de la rotonde du musée aux salles d’exposition du 1er étage…

Dès le XVIIIe siècle, Saint-Cloud est une destination prisée des promeneurs parisiens, comme en témoigne le récit publié par Louis-Balthazar Néel en 1748, sous le titre Voyage de Saint-Cloud par mer et par terre et retour de Saint Cloud à Paris par terre, et illustré par seize dessins originaux de Pierre-Georges Jeannot lors d’une réédition en 1884. (1) Ces dessins acquis par le Musée des Avelines en 2011 ainsi que les lithographies réalisées par Charles Gillot,  sont présentés dans l’exposition. Ils retracent tout le périple de ce jeune Parisien, des préparatifs – comme à la veille d’une véritable expédition avec la visite chez le médecin, la réalisation d’un portrait (pour laisser un souvenir à sa mère en cas d’issue fatale), le règlement  des factures chez le perruquier – au retour, neuf jours plus tard. Traité sur le mode humoristique, il s’agit en fait d’un voyage initiatique, « car c’est le message que l’auteur in fine veut faire passer pour inciter la jeunesse à franchir la barrière du cocon familial et aller voir ailleurs comment ça se passe », souligne Emmanuelle Le Bail. « Et ne plus confondre la fumée de la cheminée d’une usine avec le Vésuve... ».

« Le voyageur va payer son perruquier », dessin de Pierre-Georges Jeanniot et lithographie de Charles Gillot / coll. Musée des Avelines

Une sélection de gravures, puisées dans le fonds du Musée des Avelines, illustrent les différentes façons de gagner Saint-Cloud, « par terre, par mer –  c’est dire par voie fluviale -, en tramway, d’abord hippomobile puis électrifié en 1901 et bien sûr en train, avec un premier arrêt en gare de Saint-Cloud en 1839, sur la ligne Paris-Versailles ». Cette gare on peut la voir, telle qu’elle était en 1880 avec le tableau d’Edouard Dantan,  « lequel vivait alors à Saint-Cloud, dans le parc de Montretout, un lotissement créé dans la foulée de la ligne de chemin de fer » (2).  Dantan auquel le Musée des Avelines consacrera une exposition en septembre 2013.

« La gare de Saint-Cloud », Edouard Dantan, 1880 / Coll. Musée des Avelines

Quant aux raisons qui poussaient les Parisiens à venir passer leurs dimanches à Saint-Cloud, l’exposition les explore dans la seconde salle, très lumineuse et colorée avec ses fenêtres garnies de stores fins sur lesquels ont été reproduits des fragments de gravure. On vient donc à Saint-Cloud pour la fête et ses attractions foraines avec balançoires et manèges, baraquements où l’on fait de la musique ou mange du pain d’épice, sans oublier les bals. Si la fête se poursuit encore aujourd’hui, elle n’est « pas à la hauteur de ce qu’elle a été », déplore Emmanuelle Le Bail, le bal lui a complètement disparu. Des gravures, dont quelques lithographies de Daumier parues dans la presse, en font vivre le souvenir.

Vue du restaurant « Le Pavillon bleu », carte postale début XXe siècle / coll. Musée des Avelines

On vient aussi à Saint-Cloud pour s’y restaurer… dans des lieux qui ont disparu, « comme la Place d’Armes, où se trouvent aujourd’hui l’autopont et le nœud autoroutier »…  Avec la Place d’Armes ont également disparu des établissements comme « le Pavillon Bleu et sa grande terrasse qui ouvrait sur l’avenue du Palais et permettait d’accéder directement au parc, détruits dans les années 1930 pour percer le tunnel d’accès à l’autoroute qui passe sous le parc … D’autres restaurants, comme celui de la Tête noire, sont détruits dans les années 1970 pour construire l’ensemble de bureaux de la colline. Tout cela rend aujourd’hui difficiles la lecture de l’entrée de ville et l’accès au parc de Saint-Cloud », souligne Emmanuelle Le Bail.

Divers documents rendent compte de ce passé : gravures, vaisselle et menus du Pavillon bleu et l’imposant tableau de Ruffié peint en 1925 représentant la fête de Saint-Cloud, mais dans l’esprit du XVIIIe siècle et qui était accroché dans une des grandes salles du restaurant de la Tête noire…Propriété de la Ville et conservé au musée des Avelines, le tableau a été restauré à l’occasion de l’exposition.

« Fêtes de Saint-Cloud au XVIIIe siècle, Ruffier, 1925/ coll. Ville de saint-Cloud/Photo Audrey Bonnet

L’important fonds de cartes postales de la fin du XIXe et du début du XXe siècle du musée a fait l’objet d’une sélection. Projetées en « cartorama » , elles restituent cet univers des loisirs dominicaux à Saint-Cloud. Des bancs permettent de prendre le temps – une quinzaine de minutes – de regarder défiler ces documents d’un temps révolu, avant de quitter l’exposition.

« Parc de Saint-Cloud – Le repos du dimanche », carte postale déb ut XXe siècle / coll. particulière

La prochaine exposition/dossier (en février/mars 2012) sera consacrée au château de Saint-Cloud, des fastes du Second empire à l’incendie qui l’a ravagé pendant la guerre de 1870. l’exposition évoquera aussi l’incendie de la ville par les Prussiens en 1871.

Elle sera suivie d’une exposition d’art contemporain dédiée à la sculpture avec le travail de Coskun, plasticien français d’origine turque.

Voilà de bonnes raisons d’aller à Saint-Cloud, au Musée des Avelines, le dimanche ou un autre jour…

Musée des Avelines / Photo DB

(1) L’édition originale de 1748, publiée anonymement, est conservée à la bibliothèque municipale de Rouen, ville où est mort l’auteur. Le musée des Avelines possède une édition de 1751. Ce récit, réédité à plusieurs reprises au cours des XVIIIe et XIXe siècles, a fait l’objet d’une publication en 2006 aux éditions Cartouche. Il est vendu à l’accueil du Musée…
Signalons aussi le catalogue de l’exposition et sa riche iconographie, édité par la ville de Saint-Cloud.

(2) En fait à l’époque quatre gares desservaient Saint-Cloud, explique Emmanuelle Lebail : « une deuxième gare dite ‘des Fêtes’, qui amenait les voyageurs a proximité du parc,  une troisième dans le bas de Saint-Cloud, sur la Place d’Armes –aujourd’hui disparue – et une quatrième, la gare ‘des Chaumes’, sur les hauteurs de la ville, réservée à l’usage exclusif de l’empereur Napoléon III, d’où celui-ci est parti pour Sedan pour ne pas en revenir… ».

Le Musée des Avelines est ouvert du mercredi au dimanche. L’entrée est libre ainsi que pour les manifestations qui accompagnent les expositions.

Retour sur des expositions précédentes avec les articles  Jef Aérosol cartonne à Saint-Cloud et Saint-Cloud fait son cinéma.

Cet article, publié dans Art de vivre, Culture, Patrimoine, est tagué , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s