« Poésie de la Matière » à Saint-Germain-des-Prés

Alan Guilbourne, "Skin series"/Les Deux Magots/photo A.Berteigne

Alan Guilbourne, « Skin series »/Les Deux Magots/photo A.Berteigne


Comme chaque année le Parcours Saint-Germain propose une rencontre originale avec l’art contemporain. Ce sont en effet les boutiques et cafés du quartier qui accueillent les oeuvres des artistes. Ils sont plus d’une trentaine  – pour la plupart appartenant à la scène émergente et vivant et travaillant en France – à avoir été  sélectionnés pour cette 15ème édition placée sous le thème « Poésie de la Matière ». Inaugurée en même temps que la FIAC, la manifestation se poursuit jusqu’au 31 octobre 2015. 

Keen Souhlal, "Pyrophyte" / Burberry/ Photo A.Berteigne

Keen Souhlal, « Pyrophyte » / Burberry/ Photo A.Berteigne

C’est une expérience inédite que de pénétrer dans ces boutiques du quartier Saint-Germain dont on se contente d’ordinaire de regarder les vitrines, pour aller à la rencontre d’artistes. Et il ne faudrait surtout pas, justement, se contenter de l’oeuvre aperçue dans la vitrine, aussi intéressante soit elle, car on risquerait de passer à côté d’autres bien belles découvertes.

C’est le cas notamment avec Keen Souhlal, exposée dans la boutique Burberry. (1) Séduits déjà par la combinaison du minéral et du végétal de son Pyrophyte  – bois de chêne au coeur de grès enfumé – dans la vitrine, nous avons découvert à l’intérieur ses  papiers froissés en céramique.

Keen Souhlal / Photo A.Berteigne

Keen Souhlal / Photo A.Berteigne

 

La forme demeure, mais de sa  métamorphose dans une autre matière – fruit d’un long et patient travail que l’artiste explique avec précision, passion et modestie – nait précisément la poésie, l’émotion.

Charlotte Charbonnel, "resonarium" © 2015 Charlotte Charbonnel

Charlotte Charbonnel, « resonarium » © 2015 Charlotte Charbonnel

Les oeuvres de Charlotte Charbonnel (2) relèvent aussi d’une métamorphose de la matière, à la fois expérimentale et poétique. Dans la vitrine de la boutique Gérard Darel, on découvre Resonarium, une étrange structure mouvante dont on se demande de quoi elle est faite… Il s’agit de limaille de fer qui, aimantée, prend forme et, animée d’un mouvement de rotation lente, prend vie, jetant le trouble sur sa véritable nature:  animale, végétale ou minérale?

Charlotte Charbonnel, "ce que le sonore fait au visuel" © DB

Charlotte Charbonnel, « ce que le sonore fait au visuel » © db

A l’intérieur de la boutique se révèle un autre aspect du travail  de l’artiste avec la « traduction » en laiton, inox, maillechort et cuivre des courbes numériques de sons émis par la voix … Une « métamorphose » à laquelle la journaliste de radio que fut longtemps l’auteure de ces lignes a été particulièrement sensible…

 

Leonora Hamill, exposée dans le cadre précieux de la boutique de prêt-à-porter Etro, (3) a proposé un projet portant sur le motif paisley ou  « cachemire », d’origine perse et dont le nom anglais Paisley renvoie à  une ancienne ville de l’industrie textile  en Écosse. Autour de ce thème qui est aussi un peu l’ADN de la maison Etro, détentrice de 150 dessins de motifs cachemire du XIXe siècle,  l’artiste a réalisé sous forme de collages et photo-montages un riche et subtil travail  d’inventaire nourri par l’histoire de l’art et ses propres expériences esthétiques.

Leonora Hamill, "paisley/cachemire" © db

Leonora Hamill, « cachemire » © db

C’est à la nuit tombée – et tant mieux, a-t-on envie de dire – et à la lumière des appliques et lustres de la salle du café mythique des Deux Magots, qu’on a découvert les sculptures murales d’Alan Goulbourne.(4) Réalisées à partir de fragments de bois léger, elles recouvrent les miroirs de leur structure géométrique aérée et arachnéenne, à l’instar d’une seconde peau fragmentant les reflets de la salle. Elles font d’ailleurs partie de sa Skin Series… (voir photo plus haut)

Du bois encore, avec l’installation de Sylvain Ristori (dit Sambre), place Saint-Germain-des-Prés. Une architecture en bois de récupération, brut ou peint, sous laquelle on peut déambuler entre la cabane et l’araignée géante – d’aucuns penseront à Louise Bourgeois…

 

Il s’agit ici d’un aperçu très partiel (pour cette première approche notre itinéraire se sera limité au boulevard Saint-Germain) – et bien évidemment partial de ce Parcours Saint-Germain 2015. Mais il met en évidence l’intérêt d’une manifestation qui permet à des artistes émergents de se faire connaître d’un public plus large que celui des galeries et – espérons-le – de susciter l’intérêt de nouveaux collectionneurs. On ne peut que souhaiter qu’elle se poursuive…

Sambre, installation place St-Germain-des-Prés

Sambre, installation place St-Germain-des-Prés

 

(1) Keen Souhlal, née en 1982, vit et travaille à Paris. Elle est représentée par la FEIZI Galerie à Bruxelles
(2) Charlotte Charbonnel, née en 1980, vit et travaille à Paris où elle est représentée par la Backslash Gallery
(3) Leonora Hamill, née à Paris en 1978, vit et travaille entre New-York et Londres. Elle est représentée par la Tristan Hoare Gallery (Londres) et Podbielski Contemporary (Berlin).
(4) Alan Goulbourne est né en 1985 à Perth, en Ecosse. Il vit et travaille à Cardiff, au Pays de Galles et est représenté en France par la Galerie Virginie Louvet.
(5 ) Sambre, né en 1984 à Aubenas, vit et travaille à Paris où il est représenté par la Galerie Jérôme Pauchant

Parcours Saint-Germain 2015

Parcours Saint-Germain 2015

Pour en savoir plus sur le Parcours Saint-Germain, cliquer ici

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