
E.Dantan, La gare de Saint-Cloud, 1880 © Musée des Avelines
Le musée d’Art et d’Histoire de Saint-Cloud se devait d’accueillir cet hommage à Edouard Dantan (1848-1897), ce Clodoaldien qui a entre autres peint la vie quotidienne de sa ville. Invitation à découvrir l’oeuvre méconnu d’un peintre à la carrière trop tôt interrompue, l’exposition rassemble quelque 80 tableaux qui permettent d’apprécier le talent et l’évolution de l’artiste, de l’académisme des Beaux-Arts à une facture plus libre appliquée à des sujets contemporains : ateliers d’artistes, paysages ou scènes familiales, traités à l’huile ou au pastel.
A voir jusqu’au 2 mars 2014.
Accroché dans la montée d’escalier qui mène aux salles d’exposition, le portrait de son père, peint par Edouard Dantan, accueille le visiteur. « Un tableau qui n’avait jusqu’à ce jour jamais été décroché de l’atelier du peintre« , précise Emmanuelle Le Bail, directrice du musée. Ce Dantan ainé mon père, le marteau dans la main et le bras appuyé sur l’épaule d’un buste, inscrit le peintre dans la lignée d’artiste qui est la sienne : fils et neveu de sculpteurs connus en leur temps. Le tableau, peint en 1872, « marque aussi l’entrée d’Edouard Dantan dans le monde de la critique« , souligne Emmanuelle Le Bail. C’est en effet la première fois que l’artiste, qui présente des oeuvres au Salon depuis la fin des années 1860, voit l’une d’elles commentée – et de manière élogieuse.
Sa longue formation à l’Ecole des Beaux-arts de Paris, ne lui avait pas ouvert, comme espéré, les portes de la Villa Médicis : ses deux tentatives au concours du Grand Prix de Rome se sont soldées par un échec. Un Premier prix prestigieux – le Prix Jauvin qui remplace le Prix de Rome pour le paysage historique, supprimé en 1863 – est néanmoins venu valider ce parcours en 1877.

E. Dantan, Le père Vignal (balayeur de Saint-Cloud), coll. part.©DR
Progressivement, l’académisme va céder le pas au « naturalisme » et à partir du Salon de 1879, Dantan abandonne définitivement les compositions historiques et religieuses pour y présenter des peintures de genre, des scènes d’atelier et des portraits où « la recherche de réalisme ne cesse de s’affirmer, s’attachant de plus en plus à peindre la vie qui l’entoure« .
Cette vie qui l’entoure, c’est d’abord Saint-Cloud où l’artiste est revenu s’installer dans la maison familiale en 1881. On connaissait le tableau de la Gare de Saint-Cloud (avec son intéressant cadrage en plongée) qui fait partie de la collection permanente du musée des Avelines, on découvre le balayeur, les Limousins construisant une maison ou un campement de bohémiens, les toits sous la neige, ou encore le parc pendant la fête… (1)

E.Dantan, « Ciel nuageux, plage de Paramé »,1892/ coll. part.©DR
Ce sont aussi les paysages et rivages normands, autour du village de Villerville où Dantan vient souvent séjourner, ou à Paramé, en Ille-et-Vilaine. (2) Son talent de pastelliste s’y exerce dans des couchers de soleil d’une très grande subtilité. Mais c’est dans les portraits de ses enfants que ce talent est peut-être le plus évident … des portraits réalisés à partir de photographies, qui ajoutent au rendu du mouvement et de l’expression, la lumière et le velouté de la carnation. Dantan s’attarde avec bonheur sur les scènes de la vie familiale : la chambre des enfants, la toilette du bébé…

E. Dantan. A gauche: « Henriette avec une casserole bleue » (détail) pastel, fusain, craie blanche, 1894/coll.part./ photo db ©DR – à droite : »Lilie Flint avec Arlette », pastel 1891, photo A.Pedalino © Musée des Avelines- ville de St-Cloud
Et puis les ateliers de sculpteurs, « avec leur poussière blanche et leur brume particulière« . Ce goût marqué d’Edouard Dantan pour la peinture des ateliers, avec un très beau travail sur les matières et la lumière, est sans conteste l’une des originalités de sa production picturale. Cet aspect de son oeuvre a largement contribué à la notoriété d’un artiste que son entrée à 32 ans au musée du Luxembourg, destiné à accueillir le meilleur de la production des artistes vivants, avait déjà consacré.

E.Dantan, « Un moulage », 1896, coll. part./ Photo db ©DR
Edouard Dantan est bien « un peintre de son temps … (qui) cherche l’équilibre entre tradition et vérité« , conclut Emmanuelle Le Bail.
L’exposition au musée des Avelines – dont l’organisation a demandé trois ans de travail – a été l’occasion de procéder à une esquisse de catalogue raisonné, conçue à partir du Livre de Raison d’Édouard Dantan, un registre à fonction comptable dans lequel l’artiste a recensé, de 1869 à la fin de sa vie, une grande partie de sa production.
A l’heure actuelle, environ 300 oeuvres ont pu être localisées, documentées et illustrées parmi les 1105 inscrites dans le Livre de raison. D’autres dessins et tableaux ont également été retrouvés alors qu’ils n’étaient pas mentionnés dans ce manuscrit.
La recherche continue donc.

E.Dantan, trois toiles de la période « académique », au centre « L’Automne », 1877, Prix Jauvin du paysage © Beaux-Arts de Paris
(1) Dont la fameuse fête organisée au mois de septembre pour célébrer la Saint-Clodoald. Le musée des Avelines a consacré en 2012 une très intéressante exposition sur cet aspect de la ville destination de loisirs, sous le titre Un dimanche à Saint-Cloud
(2) Et où il sera victime, avec son épouse d’un accident de voiture à cheval, le 7 juillet 1897.
Musée des Avelines, Musée d’art et d »histoire de Saint-cloud
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