Situé au coeur du Parc culturel de Rentilly (Seine-et-Marne), le château a rouvert ses portes en novembre 2014 après d’importants travaux de réhabilitation. C’est une véritable métamorphose de l’édifice qui a été accomplie par l’artiste Xavier Veilhan et son équipe. Une façade-miroir en acier inoxydable a fait de ce château une sculpture, en totale cohérence avec un lieu dédié à la diffusion de l’art contemporain auprès du grand public. Explore, la première exposition présentée dans ses murs rassemble les oeuvres d’une dizaine d’artistes. À voir jusqu’en mars 2015.
Il était une fois… On pourrait commencer ainsi la présentation de ce lieu, découvert lors d’une randonnée dans cette région d’Ile-de-France, à l’est de Paris. Car après avoir franchi la grille du domaine et progressé dans le vaste parc planté d’arbres remarquables et orné de sculptures contemporaines, l’apparition du château reflétant sur ses flancs l’environnement de verdure sous un ciel hivernal où la grisaille faisait place à quelques rares îlots de ciel bleu en cette fin d’après-midi, avait quelque chose de parfaitement inattendu et un peu irréel.

Le château de Rentilly (décembre 2014) Photo Martin Argyroglo © Bona-Lemercier/Alexis Bertrand/Xavier Veilhan (ADAGP, Paris, 2014)
« Faire un lieu majeur d’exposition d’art contemporain » : telle était l’ambition de la Communauté d’agglomération Marne et Gondoire en lançant en 2011 l’appel à candidature pour la réhabilitation du château de Rentilly en lien avec le FRAC Ile-de-France (Fonds régional d’art contemporain) et le ministère de la Culture. (1) Un projet en continuité avec les actions entreprises pour la diffusion de l’art contemporain par le Parc culturel de Rentilly depuis sa création en 2006. Il était demandé aux candidats « d’être constitués en groupe réunissant architecte et artiste afin de proposer une architecture ayant une dimension artistique et atypique ».

Le château de Rentilly © db
« Artistique et atypique » : une double exigence à laquelle répond le projet de l’équipe lauréate, composée de l’artiste Xavier Veilhan, des architectes Bona-Lemercier et du scénographe Alexis Bertrand. Si le château, détruit par le feu au lendemain de la seconde guerre mondiale et reconstruit avec peu de moyens, était « sans qualité« , constate Xavier Veilhan, « le parc est très beau et j’ai donc voulu faire rentrer visuellement le parc dans le bâtiment ». Mission accomplie avec l’acier inox poli de la façade-miroir qui en réfléchissant le paysage alentour a fait du château une véritable sculpture à l’échelle de l’édifice. En quelque sorte une oeuvre destinée à accueillir d’autres oeuvres. Dont le Mini Rentilly, une version à échelle réduite du château-sculpture…

Château de Rentilly, « Quand intérieur et extérieur se confondent » © db
Si la façade réfléchit le paysage, celui-ci est également présent à l’intérieur de l’édifice par le biais des fenêtres : « dotées de verres miroir sans tain et plein cadre, elles ajoutent à la confusion et par réciprocité proposent à l’intérieur une relation picturale au paysage« , expliquent les architectes Philippe Bona et Elisabeth Lemercier. On en a fait l’expérience troublante en circulant dans les espaces d’exposition.
Lesquels sont le fruit d’une d’une refonte complète de la volumétrie intérieure initiale du château qui ne répondait pas aux exigences de présentation contemporaine, notamment « d’une certaine sobriété spatiale ou le renouvellement possible et simple des espaces d’exposition« , indique le scénographe Alexis Bertrand. A cet effet les deux plateaux d’exposition intérieurs sont équipés de grandes cimaises mobiles.

« Explore » : Philippe Decrauzat, « Leslie+Mirrors » , 2007-2009 © db
C’est donc dans un espace dénudé, démultiplié et potentiellement variable que s’est installée l’exposition inaugurale, Explore, conçue pour entrer en résonance avec la découverte et l’exploration de ce nouveau lieu et le mettre en valeur. Notamment en présentant des oeuvres qui non seulement ont un lien avec l’espace – notion qui a présidé à la sélection organisée par le commissaire Xavier Franceschi – mais en demandent aussi beaucoup pour être présentées. (2) Comme Leslie+Mirrors, la sculpture-installation sonore sur adhésifs au sol, de Philippe Decrauzat.
Au fil de la déambulation au milieu d’oeuvres très diverses – dessin, photo, vidéo, sculpture, installation, etc. – d’une dizaine d’artistes (3), se dégagent quelques thèmes récurrents – cercle, boucle, répétition, illusion – qui pointent le caractère finalement insaisissable de l’espace, perception aussi intime et versatile que celle du temps…
Le temps, celui de la rotation de la terre, a passé pendant la visite de l’exposition et le château d’acier reflète maintenant le jour finissant. On s’en éloigne à regret.

Château de Rentilly, Le jour finissant…© db
(1) Le FRAC se dote ainsi d’un second lieu, avec le Plateau à Paris. Le projet, soutenu par la Région Île-de-France, s’inscrit dans le cadre du dispositif de soutien à la commande publique du ministère de la Culture et de la Communication, accompagné par la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) d’Île-de-France.
(2) Explore constitue le second volet d’un triptyque d’expositions consacrées à la collection du Frac Ile-de-France. Le premier volet, Interprète, a été présenté au Plateau, à Paris, du 28 mars au 11 mai 2014. Le troisième le sera au Musée d’art moderne et contemporain (Mamco) à Genève, dans le cadre du cycle Des histoires sans fin, du 16 février au 10 mai 2015.
(3) Dove Allouche, Pierre Bismuth & Michel Gondry, Philippe Decrauzat, Mark Geffriaud, Laurent Grasso, Caroline Mesquita, Ulla von Brandenburg, Xavier Veilhan.

Rentilly : Le château « avant »… © DR
Parc culturel de Rentilly
1 Rue de l’Étang
77600 Bussy-Saint-Martin
01 60 35 44 12
Pour y aller :
RER A, station Torcy, puis à pied (20 minutes) ou bus PEP’S ligne 21 Autoroute A4, en venant de Paris, prendre la A104, sortie « Collégien centre », puis suivre la direction Rentilly.
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