« EROS HUGO, entre pudeur et excès » : cherchez l’érotisme…

Victor Hugo, "Femme masquée retenant son manteau"/MVH/Photo db

Victor Hugo, « Femme masquée retenant son manteau »/MVH/Photo db

« La liberté d’aimer n’est pas moins sacrée que la liberté de penser« , cette phrase de Victor Hugo, extraite de Tas de pierres, est   affichée à l’entrée de l’exposition « EROS HUGO, entre pudeur et excès » présentée jusqu’au 21 février 2016 dans la Maison/Musée de la Place des Vosges.
On connaissait le combat sans faille de l’écrivain pour la seconde. Pour ce qui est de la première, cette exposition met en évidence les paradoxes de Hugo, dans sa vie amoureuse et son oeuvre, mais aussi en regard des artistes de son siècle.

Et c’est par la fin qu’on a envie de commencer, avec la sculpture de Rodin dans la dernière salle de l’exposition. Dans cette étude pour le Monument réalisée au début du XXème siècle, Victor Hugo est représenté assis, nu … Comme pour témoigner de « L’entièreté du corps dans l’écriture« , souligne Vincent Gille, commissaire de l’exposition.

Auguste Rodin, "Victor Hugo assis, nu", plâtre/Musée Rodin / Photo db

Auguste Rodin, « Victor Hugo assis, nu », plâtre/Musée Rodin / Photo db

Pour le visiteur qui vient de parcourir l’exposition, cette oeuvre fait écho au portrait du jeune poète accroché à côté de celui d’Adèle, dans la première salle dédiée aux années 1820-1832. Entre les fiançailles secrètes des jeunes gens en 1819 suivies bientôt du mariage – où tous deux arrivent vierges –  et « ce Hugo-satyre, cette figure nue, puissante et conquérante » sculptée par Rodin, il y a le chemin parcouru entre le temps où la bienséance, la morale et le conformisme l’emportent et celui où, ces carcans ayant sauté, l’homme aura vécu ses amours et le poète aura révélé « un monde entièrement possédé par le désir« , par le dieu Eros, celui de la puissance, de l’énergie appliquée à « la création tout entière« .

Charles Voillemot (1823- 1893), "Portrait de Juliette Drouet", MVH/photo db

Charles Voillemot (1823- 1893), « Portrait de Juliette Drouet », MVH/photo db

Il n’en reste pas moins que le sujet est « un peu compliqué, paradoxal« ,  souligne Vincent Gille. Ce dont l’intitulé de l’exposition, « Entre pudeur et excès »,  rend compte. Si Hugo a été un grand amoureux, s’il a la réputation d’un homme doué d’une « forte nature« , dont « ni l’âge ni la gloire n’ont réfréné les ardeurs » son oeuvre reste « extrêmement sage« , voire chaste. Et il réserve à des publications posthumes les poèmes très sensuels écrits pour ses grands amours que furent Juliette Drouet, Léonie Biard et Blanche Lanvin.

Félicien-Rops (1833-1886), "Voyage au pays des vrais dieux", Coll. Mony Vibescu/Photo db,

Félicien-Rops (1833-1886), « Voyage au pays des vrais dieux », Coll. Mony Vibescu/Photo db,

Eros Hugo  propose d’explorer ce double aspect de la vie et de l’oeuvre de Hugo, avec un parcours chronologique qui permet de suivre son évolution mais aussi de le situer parmi ses contemporains, qu’il reflète son époque ou s’en démarque. Par exemple la juxtaposition des dessins de femmes plus mystérieux que suggestifs de Hugo (voir plus haut) et des dessins franchement osés de Félicien Rops permet de mieux saisir, a contrario, que Hugo ne s’est décidément pas placé sur ce terrain de l’érotisme.

« Ce qu’on appelle passion, volupté, libertinage, débauche, n’est pas autre chose qu’une violence que nous fait la vie », écrit Hugo en 1876.  Cette violence ne concerne pas seulement les amours souvent chaotiques de l’écrivain, mais s’exprime aussi dans «  la puissance, la générosité, le lyrisme » de son oeuvre.

Si parfois la cohérence du propos de Eros Hugo ne s’impose pas avec évidence – mais peut-être faudrait-il revenir un jour de moindre affluence -, c’est avec plaisir qu’on retrouve, aux côtés des nombreux textes, dessins et lettres de Victor Hugo,  des oeuvres de Corot, Courbet, Rodin, Ingres (1) ou Delacroix… Le tout servi par la scénographie et le graphisme, signés de Véronique Dollfus et de l’Atelier JBL.

Arnold Bocklin (1827-1901)"Soir de printemps", Budapest , Szepmüvészéti Muzeum/Photo db

Arnold Bocklin (1827-1901) »Soir de printemps », Budapest , Szepmüvészéti Muzeum/Photo db

(1) Ingres fait l’objet d’une exposition au musée du Prado, à Madrid, du 24 novembre 2015 au 27 mars 2016. Pour en savoir plus, aller dans On aurait aimé y aller…

Maison de Victor Hugo
6 Place des Vosges
75004 Paris
01 42 72 10 16

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