… Depuis 1967, très exactement, avec le Blue Cow Wallpaper à effigies de Vache qui rit! (1)
La démarche artistique de Thomas Bayrle, né à Berlin en 1937 (2), se caractérise par le recours à ce qu’il nomme des collages de superforms – une superform étant une image composée résultant de la multiplication à l’infini d’une même image iconique. Pour l’artiste, c’est aussi « une façon d’exprimer la surproduction« . Réalisés initialement avec de simples tampons encreurs, ces collages sont aujourd’hui la résultante de recherches menées grâce à des programmes informatiques.
Pour la réalisation de cette nouvelle Boite Collector, la première idée de Thomas Bayrle a été de « remplir l’ancienne vache » – celle créée en 1921 par le grand illustrateur Benjamin Rabier – « avec des logos« . Mais trouvant que « ça manquait de force« , l’artiste a repris une oeuvre de 1967, Mädchen/Fille/Girl, réalisée au tampon encreur et où le visage souriant d’une jeune femme se compose de l’assemblage de cent cinquante logos de La Vache qui rit. Le bleu et le rouge ont été ravivés et le visage au teint rose est devenu celui d’une « jeune laitière qui vient à Paris » commente Bayrle, et pourquoi pas « Notre-Dame de la Vache qui rit« , ajoute-t-il un brin iconoclaste … Ce couvercle new-look de la boite de fromage ne fait-il pas penser aux « rosaces » de nos églises?!
Quant aux étiquettes des portions, la diagonale rouge des logos évoque « la roue d’un moulin« …
En l’écoutant, on a l’impression que Thomas Bayrle s’est bien amusé en créant cette Boite Collector et on le croit volontiers quand il affirme « ne pas vouloir regarder les choses de façon triste« . D’ailleurs, ce qui l’a séduit dans le design de La Vache qui rit, c’est, dit-il, « son côté résolument positif« . Sans oublier l’humour, cet « élément productif pour vivre » qui a présidé à la création du logo, né d’un détournement ironique de la Walkyrie : le dessin de Benjamin Rabier que reprend Léon Bel en déposant la marque le 16 avril 1921, servait d’insigne à « l’autobus de ravitaillement en viande fraîche » pendant la guerre de 1914-1918, baptisé « La Wachkyrie »… (3)

Thomas Bayle, lors du lancement de la Boite Collector au siège du Groupe Bel à Paris/Photo db
« Humour, décalage, impertinence« , c’est aussi cet esprit qui anime les actions artistiques menées par le Lab’Bel depuis sa création en 2010, comme en témoignent les expositions réalisées depuis cette date à La Maison de La Vache qui rit à Lons-le-Saunier (3) parallèlement à la constitution d’une collection qui s’enrichit chaque année d’acquisitions déposées au Musée des Beaux-Arts de Dôle.
la Boîte Collector signée Thomas Bayle est diffusée par les Editions Dilecta (49, rue Notre Dame de Nazareth, 75003 Paris) et à partir du 25 janvier 2016 (dans la limite des stocks disponibles) au Lafayette Gourmet à Paris, Marseille et Nice, ainsi que par La Maison de La vache qui rit à Lons-le-Saunier. (5)
(1) La première édition de cette oeuvre fait aujourd’hui partie des collections du Groupe Bel. Lequel a contribué à l’installation du Cow Wallpaper de Andy Warhol (1966) sur la façade du Musée d’art moderne de la Ville de Paris, à l’occasion de l’exposition consacrée à l’artiste américain, du 2 octobre 2015 au 7 février 2016.
(2) Thomas Bayrle a fait l’objet de nombreuses expositions dans des musées et institutions, dont le Portikus (1990, 1994) et le MMK, le Museum für Moderne Kunst de Francfort (2002, 2006), le Museum Ludwig de Cologne (2008), le MACBA, Museu d’Art Contemporani de Barcelone et le Mamco, Musée d’art moderne et contemporain de Genève (2009). Invité à trois reprises à la Documenta de Cassel, il a aussi participé à plusieurs biennales, dont celle de Venise, en 2003 et 2009.
(3) Ce n’est que l’année suivante que la vache, qui n’est plus en pied mais a conservé son « air hilare », se pare de boucles d’oreilles en forme de boites de Vache qui rit. Une mise en abyme qui a confronté des générations d’enfants, dont l’auteure de ces lignes, à la vertigineuse perplexité de l’infini…
(4) Le Lab’Bel est dirigé par Laurent Fiévet, arrière-petit-fils de Léon Bel, et Silvia Guerra, directrice artistique. Parmi les expositions, citons Au lait! Quand l’art déborde! (2012) et Histoires sans sorcière (2014/2015)
(5) Elle est également distribuée à Berlin (Galeries Lafayette – Le Gourmet – Franzosische Strasse 23 D-10177 Berlin) et Bruxelles, au WIELS Centre d’art contemporain, Avenue Van Volxemlaan 354, BE-1190 Bruxelles.

Dans l’entrée du siège du Groupe Bel 14 Bld Malesherbes à Paris…