Station #1 : Exposition hors les murs de l’Observatoire de l’Espace 

STATION#1 AFFICHEAvec cette nouvelle exposition, l’Observatoire de l’Espace, le laboratoire culturel du CNES (Centre national d’Études spatiales) inaugure sa programmation hors les murs consacrée à l’art contemporain. L’Institut national d’Histoire de l’Art (INHA) accueille les oeuvres de quatre artistes – Clément Fourment, Juliette Green, Hippolyte Hentgen et Aurélie Pagès – réalisées à partir de documents sur l’histoire spatiale. Une exposition qui s’inscrit dans le cadre des actions entreprises depuis plus de vingt ans par l’astrophysicien Gérard Azoulay, fondateur et animateur de l’Observatoire de l’Espace, dans le but de susciter des rapports nouveaux entre la culture, l’art et l’Espace

À voir jusqu’au 20 décembre 2023.

Changement de décor pour ceux qui sont habitués à se rendre au siège du CNES, tout près des Halles, pour voir une exposition ou assister à un événement organisé par l’Observatoire de l’Espace : c’est par la majestueuse rotonde de la Galerie Colbert, rue Vivienne, à quelques pas des jardins du Palais-Royal, que le visiteur accède à la salle de l’Institut national d’Histoire de l’Art où sont présentées les oeuvres de cette nouvelle exposition, la première hors les murs.   

STATION #1 MONTAGE ARTISTES

De gauche à droite et de haut en bas : Juliette Green /Clément Fourment/Aurélie Pagès/Hipppolyte Hentgen

Station #1 prend place dans le programme de création « Archéologie de l’Espace » qui s’attache aux différentes traces laissées sur Terre par les activités spatiales. La présence matérielle de l’exploration de l’Espace s’exprime par des infrastructures, des archives textuelles et visuelles ou encore par les images de communication qui ont forgé notre regard commun sur l’Espace. En invitant des artistes à s’emparer de ces « traces » l’objectif est aussi de faire vivre et partager avec le public ce patrimoine – matériel et documentaire – engendré par l’Espace et dont le CNES est détenteur.

Clément Fourment, Juliette Green, Hippolyte Hentgen et Aurélie Pagès se sont donc saisis  de documents – textes, plans techniques, photographies documentaires ou encore images  – pour nourrir librement leur création, chacun selon sa propre vision de l’Espace, son imaginaire, sa pratique artistique et la spécificité de son médium. Pour Gérard Azoulay, commissaire de l’exposition, « Station #1 montre que lorsque les artistes parviennent à mettre à distance les seuls enjeux de connaissance souvent associés aux représentations de l’univers spatial, ils élaborent leur propre stratégie artistique pour se saisir de ces formes et faire émerger un monde complexe, séduisant, et parfois ironique. » (1)

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Juliette Green, « conseils aux extraterrestes qui souhaitent s’installer sur terre » (détail) © Juliette Green

Une ironie présente dans Conseils pour les extraterrestres qui souhaitent s’installer sur terre, une création de Juliette Green. L’artiste s’est inspirée des guides édités dans les années 1970-1980 à l’intention des agents du CNES voyageant à l’étranger pour réaliser une oeuvre graphique très architecturée et décorative, exécutée sur papier au feutre acrylique, et mêlant écriture et dessin au trait. Une sorte de « pastiche visuel d’un document officiel », résume Juliette Green. On retrouve sa précision de trait et de composition graphique dans une autre oeuvre intitulée Que se passerait-il si la pièce où nous nous trouvons était subitement privée de gravité?, élaborée à partir de diagrammes et de cartes puisées dans des ouvrages consacrés à l’étude du milieu spatial. En référence également aux expériences de vol en impesanteur que l’Observatoire de l’Espace organise pour des chercheurs. (3)

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Clément Fourment, « Feuilles volantes » (détail) © Clément Fourment

Avec Feuilles volantes c’est également une oeuvre graphique sur papier, mais très différente par sa technique et son propos, que Clément Fourment a réalisée à partir du plan d’un instrument de la sonde d’exploration spatiale Rosetta, destinée à observer le noyau d’une comète. (2) Redessiné et placé au milieu de la page, ce plan  « a servi de fondation à toute la composition qui devient, par l’assemblage de tous ces documents, un corps abstrait », explique l’artiste. C’est en fait un véritable voyage iconographique que Clément Fourment a réalisé en associant des images de sa création, des emprunts détournés à des oeuvres classiques, des dessins, des croquis, tout cela éparpillé en désordre, sur des feuilles qu’un souffle d’air s’apprête à faire voler, avec un art consommé du trompe-l’oeil.

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Aurélie Pagès, « Crise de trainée » © Aurélie Pagès

Aurélie Pagès a eu recours à la gravure, en l’occurrence eau-forte et poudre de fusain, pour reproduire des photographies d’essais en soufflerie qui simulent les phases de vols hypersoniques de véhicules spatiaux. Crise de trainée, des image à la limite à la limite du figuratif et de l’abstraction, sorte de « fantômes mécaniques », résulte de ce procédé subtil qui consiste à « graver l’image photographique originale en négatif » en enlevant « toutes les indications numériques ou scientifiques pour accentuer le glissement de contexte… », explique Aurélie Pagès. Une partie de ce travail figurera dans le N°2 de la revue Arts et Espace.

C’est une imagerie imprégnée de l’esthétique des années 1970 et des codes de la bande dessinée que proposent Gaëlle Hippolyte et Lina Hentgen, réunies sous le nom fictif d’Hippolyte Hentgen.  Destination cratère, est un collage réalisé en superposant et associant à une collection d’images de l’Espace issues d’une collection privée un ensemble de documents du Cnes comportant des coupures de la presse populaire et des éléments de vulgarisation de l’exploration spatiale. Le duo d’artistes dit avoir « répondu à cette collection d’images et de documents comme si elle était une sorte de journal intime, une écriture de soi quotidienne et compulsive, pleine de tendresse et pleine d’affect ». Quant au Ballet lunaire exécuté au pastel sec (avec lequel a été réalisée l’affiche de l’exposition), il résulte de la transposition en grand format de vignettes miniatures de l’imagerie spatiale à collectionner, ce qui donne aux satellites des allures de palais italiens ou d’objets énigmatiques…

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Hippolyte Hentgen, « Destination cratère » (détail) © Hippolyte Hentgen

À l’issue de l’exposition les oeuvres entreront dans la collection de l’Observatoire de l’Espace, en dépôt aux Abattoirs, Musée-Frac Occitanie Toulouse, d’où elles pourront être empruntées par des institutions culturelles.

                                                                                                             *****

(1) Pour en savoir plus sur Gérard Azoulay et la création de  l’Observatoire de l’Espace, cliquer ici
(2) une autre oeuvre de Juliette Green, Rhétorique de l’Espace, est exposée jusqu’au 15 janvier 2024 dans la Zone d’art contemporain située sur le parvis du siège du Cnes. Le N°2 de la revue Arts et Espace , à paraître au premier trimestre 2024,  se fera l’écho de son travail.
(3) Projet piloté par l’Agence spatiale européenne, Rosetta, lancée en mars 2004, a été la première sonde spatiale à se placer en orbite autour d’une comète et à poser sur son noyau un atterrisseur – Philae – pour analyser la composition de son sol et sa structure.

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La rotonde de la galerie Colbert © db

Informations pratiques :

Rotonde de la Galerie Colbert
Institut national d’histoire de l’art
Entrée par le 2, rue Vivienne – 75002 Paris
Du lundi au samedi  de 12h à 19h
Entrée libre

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