« BATAILLE SOURDE » à la Cité internationale des arts

CITE DES ARTS

Point de conflit larvé derrière ce titre, mais la réunion d’une dizaine de jeunes artistes dans la Galerie de ce lieu de création et d’échange qu’est la Cité internationale des arts à Paris. En témoigne cette exposition Bataille sourde qui rassemble des artistes, résidents ou non de la Cité, dont le travail, au-delà de démarches et pratiques très diverses, présente des similitudes de questionnements, de thèmes ou d’atmosphères. Les oeuvres présentées à l’occasion de l’exposition seront pour la plupart inédites. À voir du 19 au 27 septembre 2014 (entrée libre).  

Quelques mots d’abord sur ce lieu peu connu du grand public, si ce n’est par son indication dans l’intitulé de la station  de métro « Pont-Marie/Cité des Arts », au pied de l’imposant édifice en bord de Seine, face à l’Île-Saint-Louis, rue de l’Hôtel de Ville. Derrière la longue façade rectiligne aux fenêtres régulières, ce sont 291 ateliers-logements destinés à l’accueil d’artistes professionnels français et étrangers (1).

L'Hôtel d'Aumont ©

L’Hôtel d’Aumont ©

Installée au coeur du Marais avec pour voisins l’Hôtel d’Aumont et la Bibliothèque Forney (Hôtel de Sens) avec leurs jardins, la Cité internationale des arts  fêtera en 2015 son 50ème anniversaire. En juillet 1965, à peine achevé, le bâtiment édifié par les architectes Olivier Cacoub et Paul Tournon, accueillait ses premiers résidents, cinq peintres et deux musiciens. Un an plus tard, cent trente six ateliers étaient occupés par des artistes originaires de trente-sept pays différents. D’autres bâtiments ont suivi sur les quelque 20 000 m2 de terrains loués en 1950 par la Ville de Paris à l’association préfigurant la Fondation qui sera reconnue d’utilité publique en 1957. (2)

Cité Internationale des arts, bâtiment principal, côté jardin © db

Cité Internationale des arts, bâtiment principal, côté jardin © db

A l’origine de cette Fondation, un homme : Félix Brunau, dont le nom s’affiche en lettres dorées à l’entrée de la Cité qu’il présidera pendant quarante ans, jusqu’à sa mort en 1990. Cet architecte-urbaniste et grand résistant, nommé par De Gaulle Inspecteur Général des Monuments historiques et bâtiments de France après la Seconde guerre mondiale, a voulu créer les conditions pour que des artistes de tous les pays puissent à nouveau venir travailler à Paris, en dépit des conditions difficiles de l’après-guerre. Une quinzaine d’années s’écoulera entre le projet et sa réalisation. Laquelle sera finalement menée à bien, grâce à la participation financière de nombreux pays étrangers venant s’ajouter à celle de la France.

Dans un couloir de la Cité internationale des arts © db

Un couloir de la Cité internationale des arts © db

Encore aujourd’hui, la Cité internationale des arts est gérée conjointement par des donateurs, une cinquantaine de gouvernements, institutions et associations de pays étrangers, l’Etat français (ministères de la Culture et de la Communication et des Affaires étrangères) et la Ville de Paris, ainsi qu’une vingtaine d’institutions, associations et villes partenaires françaises. En contrepartie, les souscripteurs se voient attribuer la jouissance d’ateliers au pro-rata de leur participation. (3)

Outre les ateliers-logements, la Cité comprend quelques ateliers collectifs  (gravure et sérigraphie, céramique, photographie), des studios de répétition (musique) équipés de pianos  ainsi qu’un auditorium de 128 places doté d’un orgue.  Musique et chant sont d’ailleurs très présents dans l’enceinte de la Cité : dans les longs corridors, de portes aux noms parfois énigmatiques, s’échappent voix et sons d’instruments… pour le plaisir du visiteur, sinon des résidents…

Cité internationale des arts, La Galerie © db

Cité internationale des arts, La Galerie © db

Et il y a La Galerie.  Située à l’angle des rues de l’Hôtel de Ville et Geoffroy l’Asnier, elle déploie ses 525 m2 sur trois niveaux. C’est ce vaste espace que vont investir les onze  artistes de Bataille Sourde.  (4) « L’envie de cette exposition est venue de la constatation de similitudes esthétiques ou intentionnelles dans la production – tous médiums confondus – de plusieurs jeunes artistes« , expliquent Irène Karabayinga et Laure Wauters, deux artistes résidentes, diplômées de l’Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs, à l’origine du projet.

Une génération d’artistes marquée par le règne de l’image. Même si celle-ci « n’est pas le médium commun au travail de  tous ces artistes, elle en est toujours le point de départ. Un processus créatif qui passe par la destruction, le réemploi, le montage, l’accumulation iconographique, l’invention d’un langage propre« .

« Invention d’un langage propre », là sans doute réside la tension au coeur même du processus de création, cette Bataille Sourde dont La Galerie de la Cité internationale des arts va se faire l’écho.

À suivre…

BATAILLE SOURDE

Conception graphique : Léo Forest & Matthieu Rocolle

 

(1) Depuis 1971, un autre site, à Montmartre (rue Norvins), comprend  35 ateliers-logements. Ce sont au total 1130 artistes qui ont été accueillis en résidence en 2013, quelque 15 000 depuis 1965.
(2) Le bail emphytéotique, redéfini en 1962,  lie la ville de Paris et la Fondation jusqu’en 2060.
(3) La France a la jouissance de 107 ateliers. Parmi les pays autres pays, l’Allemagne vient en tête avec 20 ateliers, suivie de la Suisse (17), la Chine (16) et le Japon (13).Pour voir la liste complète des souscripteurs sur le site de la Cité, cliquer ici
(4) Les artistes participants :
Bruno Albizzati – Raphaëlle Caron – Charline Deschamps – Kenny Duncan – Irène Karabayinga – Emmanuel Le Cerf – Camille Pajot – Ji-Min Park – Clio Szeto –  Hélène Tamalet – Laure Wauters

CITE DES ARTS

 

Cité internationale des arts
18 rue de l’Hôtel de Ville
75004 Paris
(33) 1 42 78 71 72

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