Le Gouz à Angers: le logement social version Studio Bellecour

Photo N.Borel

Dans le cadre d’un vaste programme de rénovation urbaine du quartier Grand-Pigeon à Angers, la réalisation de 135 logements sociaux sur le site du Gouz a été confiée à l’agence d’architectes de Wilfrid Bellecour.  Cet ancien de l’Atelier de Christian de Portzamparc a réussi un ensemble original conjuguant habitat collectif et espaces personnalisés.

Avec ses grands collectifs – type « barres Hlm » – construits entre la fin de la Seconde Guerre Mondiale et les années 1960, la ZAC du Grand-Pigeon au  nord-est d’Angers, était considérée depuis des années comme l’un des quartiers les plus défavorisés de la ville. Elle est depuis 2004 l’objet d’un vaste chantier concernant près de 11000 habitants.

Un peu plus d’un millier de logements ont été réhabilités : mise aux normes (isolation thermique, sanitaires, électricité), rénovation des façades avec l’ajout de balcons et loggias, comme sur la Tour Chaptal, réhabilitée par Roland Castro dominant avec ses 14 étages l’ensemble du quartier. Un « repère identitaire » qu’a voulu conserver l’urbaniste Jean-Pierre Logerais.

Par ailleurs, 365 logements ont été démolis et 460 construits, dont 300 logements locatifs sociaux, et 160 en accession privée. Car il s’agissait aussi d’introduire une mixité sociale et de statuts dans un ensemble à la population vieillissante et aux faibles revenus.

Photo DB

C’est dans ce contexte que le Studio Bellecour a été sélectionné pour la réalisation de l’ensemble Le Gouz avec 135 logements gérés par le bailleur social Angers Habitat. Un maître d’ouvrage exigeant sur la rénovation urbanistique, les limites budgétaires du logement social – même si « pour du social, c’est un bon budget », souligne-t-on à Angers Habitat – et la cohabitation avec d’anciens bâtiments réhabilités : autant de paramètres à prendre en compte pour l’architecte. Résultat : un ensemble plutôt séduisant avec ses bâtiments peu élevés – trois  niveaux maximum – dont les couleurs et les formes ont réussi à « casser les séries et l’effet de masse », comme le souhaitait Wilfrid Bellecour.

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Côté rue, les couleurs sont discrètes, mariant le blanc, le jaune et le gris du béton matricé évoquant le schiste de la région d’Angers. « Elément fort du projet », ce béton aux allures de bois fossile apporte à la fois unité et relief aux façades. Réalisé « sans joints creux » et « coulé en place sur le site », il a représenté pour GTB Construction et ses ‘compagnons’  « un vrai défi et un vrai souci d’exigence au quotidien », souligne Julien Fouin, chef de service adjoint des travaux.

Relief et couleurs des façades qui, pourtant, s’intègrent à l’environnement, notamment une ancienne barre à laquelle tout un flanc du nouvel ensemble fait face. La barre – heureusement peu élevée, sur 4 niveaux, et légèrement incurvée – a été aérée par le percement d’une rue, offrant ainsi une double issue au nouvel ensemble, tandis qu’un jardin arboré, aménagé en léger dénivelé entre les constructions anciennes et nouvelles contribue à l’harmonisation architecturale. A noter les terrasses privatives en léger surplomb de cet espace vert.

©W.Berré-

Côté « cour », la couleur se fait plus vive, avec le rouge qui habille le fond des  patios, sur lesquels donnent les petites cours privées des grands appartements en duplex, tous situés en rez-de chaussée, une manière de donner « l’impression d’un petit chez-soi pour chaque famille », souligne l’architecte. Une sympathique touche rustique est apportée par la petite barrière en rondins fermée d’une porte basse en bois brut qui délimite ces espaces « privés ». Reste à savoir comment sera vécue la cohabitation entre tous ces « petits chez-soi » lorsqu’ avec les beaux jours ils se mettront à vivre…

photo DB

La double exposition, en angle, a été privilégiée pour les appartements en étage, de deux et trois pièces. Ceux-ci situés principalement au dernier étage bénéficient de larges terrasses surplombées par une audacieuse casquette en béton, en plan légèrement incliné. Les étages sont, bien sûr, desservis par des ascenseurs … Ce dont se félicitent particulièrement ces nouveaux occupants d’un T3 qu’on a pu rencontrer, M. et Mme Thierry, âgés respectivement de 83 et 84 ans, qui ont habité pendant près de cinquante ans au quatrième étage d’un bâtiment sans ascenseur et sont contents d’avoir pu accéder à davantage de confort tout en restant dans le quartier – « nos enfants sont à dix minutes ».

Photo N.Borel

Côté transports vers le centre-ville, le quartier est desservi par quatre lignes de bus. Un centre commercial ne devrait pas tarder à ouvrir au pied d’un autre ensemble de logements à proximité de ceux du Gouz, et qui rassemblera des commerces dont certains existaient déjà dans le quartier. Le marché viendra lui aussi  s’installer sur la place devant le centre commercial.

La rénovation de l’ensemble du quartier Grand-Pigeon devrait se poursuivre jusqu’en 2012. D’après ce qu’on a pu voir en l’état des travaux en cette fin 2010, Le Gouz en sera certainement un des éléments les plus attractifs.

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