Dans le cadre de son exposition Histoires d’arbres, le musée d’Art et d’Histoire Louis Senlecq propose, le samedi 8 septembre 2012, une cueillette guidée de champignons en forêt de L’Isle-Adam. Ce sera aussi l’occasion de découvrir ou redécouvrir cette originale et intéressante exposition, Histoires d’arbres, conçue comme une promenade dans les forêts du Val-d’Oise, sur les pas des forestiers, promeneurs et artistes. A voir jusqu’au 16 septembre 2012.
A l’orée de la forêt de l’Isle-Adam, le musée d’Art et d’Histoire Louis Senlecq est bien placé pour « interroger les grandes fonctions de la forêt : écologique, économique, sociale et métaphorique ». Ce qu’il fait avec cette exposition, laquelle s’inscrit dans un projet qui réunit tout au long de cette année 2012 les musées du Val d’Oise, département recouvert par plus de 20 000 hectares de forêts, avec notamment les massifs forestiers de Carnelle, Montmorency et l’Isle-Adam.
Histoires d’arbres propose donc un parcours en huit sections – de l’identité géologique et l’exploitation du sous-sol forestier à la chasse et aux loisirs – illustré par un ensemble très riche : représentations picturales anciennes et œuvres contemporaines, documents d’archives, cartes, photographies et objets divers. Le tout au service d’une double approche et de deux niveaux de lecture, mêlant une perception « fantasmée » de la forêt et sa « réalité matérielle », gérée par l’Office national des forêts (ONF).
Sur cette gestion on apprend une foultitude de pratiques, comme par exemple le martelage. Connu en France depuis le Moyen-Âge et devenu obligatoire au XVIIe siècle, il consiste en un marquage des arbres où est apposé le sceau du propriétaire ou de l’administration forestière, à l’aide d’un marteau et d’un poinçon. Effectuée à l’automne, l’opération permet également de distinguer les arbres à abattre – frappés d’une marque « en délivrance » – de ceux qu’on laisse croître – marqués «en réserve ». Ce martelage est aujourd’hui remplacé le plus souvent par une marque de peinture. Laquelle vient s’ajouter à celles jaunes et rouges indiquant les sentiers de randonnée. Autant de signes à déchiffrer dans l’ombre mystérieuse des forêts, tour à tour protectrice ou propice aux mauvaises rencontres …Toutes choses immortalisées par le graveur Gustave Doré dans ses fameuses illustrations des Contes de ma mère l’oye, de Charles Perrault et dont l’exposition ne pouvait manquer de se faire l’écho, grâce à un prêt de la Bnf.
On avouera notre penchant pour l’approche métaphorique et fantasmée par le biais des représentations artistiques, classiques ou contemporaines présentées dans l’exposition … Parmi ces dernières, notons les bas reliefs d’Eva Jospin où le carton ondulé devient enchevêtrement d’arbres et mystérieuse profondeur en trompe-l’œil, le banc de Benjamin Graindorge, ce Fallen Tree, en chêne sculpté et piètement de verre, ou encore les animaux de la forêt de Frédérique Morrel, au corps de résine et mousse recouvert d’un patchwork de tapisserie haute-époque…
Qui dit forêt dit arbres et surtout, arbres remarquables… comme le fameux « grand chêne » multi-séculaire de la forêt de l’Isle Adam qui n’a malheureusement pas survécu à la tempête de 1999. Une photographie prise vers 1930 met en évidence son caractère imposant au regard de la silhouette féminine minuscule à son pied. (1) Quelque soixante ans plus tôt, le peintre Jules Dupré avait immortalisé le même arbre dans un tableau. Si celui-ci est issu de la collection du Musée, on doit la présence Une avenue, en forêt de l’Isle-Adam, de Théodore Rousseau à un prêt du Musée d’Orsay. Le rapprochement s’impose d’ailleurs entre les deux œuvres puisque ce dernier tableau, connu aussi comme L’Allée verte ou L’Avenue des bonshommes, titre sous lequel il a figuré au salon de 1849, l’artiste a commencé à le peindre au printemps 1846, alors qu’il était installé à l’Isle-Adam, chez son ami Jules Dupré…

Jules Dupré, « Le chêne à l’Isle-Adam »/photo Henri Delage – « Le Grand chêne à l’Isle Adam, tirage argentique /coll. Musée Louis Senlecq
Quant à la forêt de Montmorency, on ne peut l’évoquer sans nommer Jean-Jacques Rousseau, qui en fit son « cabinet de travail » et y herborisa comme le montre une estampe conservée au Musée qui lui est dédié à Montmorency (1).

Jean-Yves Lacôte, « Printemps et jacinthes bleues au lieu dit Les Communes, forêt de l’Isle-Adam/coll Musée Louis Senlecq
Soulignons la qualité des photographies réalisées en 2010 par Jean Yves Lacôte pour les besoins de l’exposition. Menée sur les trois massifs, au fil des saisons, cette campagne photographique a permis de constituer une base de donnée documentaire pour chacune des sections de l’exposition et pour le catalogue qui l’accompagne. (2)
Une promenade à la fois didactique et poétique, que cette exposition. La cueillette de champignons en forêt de l’Isle-Adam organisée par le musée Louis Senlecq le samedi 8 septembre 2012 pourra prolonger agréablement sa visite – ou lui servir d’avant-goût. cette sortie matinale, réalisée en partenariat avec l’IASEF (Initiatives et Actions pour la Sauvegarde de l’Environnement et des Forêts), sera dirigée par M. Maurel, membre de l’association et guide pour la Société Mycologique de France. (3)
Par ailleurs, à l’occasion des Journées européennes du patrimoine, les 15 et 16 septembre 2012, auront lieu des visites guidées et gratuites de l’exposition.
(1) Le Musée Jean-Jacques Rousseau, qui, rénové à cette occasion, célèbre le tricentenaire du philosophe avec une exposition et une série de manifestations.
(2) Un très beau et très complet catalogue, co-édité par le Musée d’art et d’histoire Louis Senlecq et les éditions Gourcuff Gradenigo.
(3) Renseignements et inscription (gratuite) auprès du Musée d’Art et d’Histoire Louis Senlecq, Service des publics, 31 Grande Rue, 95290 L’Isle-Adam.
Tel : 01 34 69 45 44 / www.musee.ville-isle-adam.fr
La prochaine exposition sera consacrée à Ronan Barrot. « La connaissance et l’admiration de cet artiste pour les peintres français de paysage ont suggéré cette exposition au musée d’Art et d’Histoire Louis-Senlecq de L’Isle-Adam. Ronan Barrot a étudié à l’Ecole Nationale des Beaux-arts de Paris et a régulièrement exposé en France et à l’étranger dans des galeries et des musées. Cette exposition est conçue en collaboration avec le musée départemental Gustave Courbet à Ornans, où elle sera présentée au printemps 2013« .
(En espérant que d’ici là, le musée d’Ornans aura pu « rapatrier » le fameux chêne de Courbet … pour lire l’article à ce sujet, cliquer ici)