« Rêves, Révoltes, Révolutions » au menu du festival SIDÉRATION

"Story" © Dana Ranga-

« Story » © Dana Ranga

 

La cinquième édition de Sidération, le Festival des imaginaires spatiaux organisé par l’Observatoire de l’Espace, a lieu du 19 au 22 mars 2015 au siège du CNES (le Centre national d’études spatiales) à Paris. Pendant quatre jours, le public pourra découvrir les créations d’artistes qui se sont confrontés aux Rêves, Révoltes et Révolutions  suscités par l’aventure spatiale. Créé en 2000 sur une proposition de Gérard Azoulay, l’Observatoire de l’Espace, le laboratoire arts-sciences du CNES, a pour vocation de susciter en permanence des rapports nouveaux entre la culture et l’Espace. Quinze ans plus tard, cette nouvelle édition de Sidération, en s’ouvrant davantage encore à tous les champs artistiques, confirme et renforce cette vocation de l’Observatoire de l’Espace. Retour sur une expérience originale et en perpétuelle invention avec celui qui en est l’instigateur et l’anime depuis son lancement.

Gérard Azoulay est astrophysicien, au CNES depuis 1988. Pendant une bonne dizaine d’années il a occupé plusieurs postes.  « J’étais dans la « mécanique » de l’établissement, explique-t-il. J’ai pu y découvrir par moi-même la diversité de l’univers spatial, tout ce qu’embrasse l’aventure spatiale – dont l’astrophysique n’est qu’un tout petit champ -,  avec d’une part la variété des disciplines concernées et d’autre part les multiples domaines de l’activité humaine avec lesquelles l’Espace est imbriqué. Et puis c’est une histoire courte – un gros demi-siècle, on va dire –  dans laquelle on peut plonger, avec ses prémisses, ses pionniers. Un univers qu’on peut appréhender, ce n’est pas comme la grande Histoire… »

Gérard Azoulay ©Perrine Gamot

Gérard Azoulay ©Perrine Gamot

 

Cette découverte d’une  « matière passionnante, d’un bien commun« , Gérard Azoulay a souhaité la partager. Restait à trouver le dispositif. À « un certain attrait pour la création, la culture, la littérature, l’art » qui l’a toujours habité est venu s’ajouter « un souci de décloisonnement, un peu dans l’esprit de l’Encyclopédie qui précisément essayait de trouver, de construire un continuum des savoirs et des connaissances ». Et puis, « c’est toujours passionnant d’inventer un dispositif, c’est toujours enthousiasmant de faire advenir quelque chose qui n’est pas. Trouver un objet qui produise quelque chose de nouveau« …

REVUE ESPACE 11L’Observatoire de l’Espace, pôle culturel et laboratoire arts-sciences du CNES est le fruit de cette réflexion. « Ce que nous faisons aujourd’hui, ne s’est pas construit en une fois, loin de là« , souligne Gérard Azoulay. Il y a eu des étapes, des « bornes« . La création de la Revue Espace(s) en est une. Il s’agissait  de « proposer un dispositif documentaire, un matériau à des auteurs« . De  simple collection de textes au départ, la revue a évolué, elle « a cristallisé cet engagement dans la littérature et la création« . D’ailleurs, ces deux derniers termes se sont inscrits sur la couverture à partir du N°4, « pour que les gens aient moins peur de la revue en lisant son titre – Espace – et qu’ils ne pensent pas qu’elle était réservée aux bac+10« , et susciter davantage de retours aux appels à textes.  Appel entendu, comme en témoigne le sommaire fourni et diablement éclectique du N°11, dédié aux Rêves, Révoltes, Révolution

FESTIVAL SIDERATION 2015C’est aussi le thème de cette cinquième édition du Festival Sidération. Le festival a constitué une autre étape, « dans le même esprit« . Il fallait « cristalliser d’autres forces, davantage incarner ce continuum arts-sciences« . Au fil des éditions, d’abord sur deux jours, puis trois, et maintenant quatre en 2015, le festival n’a cessé d’évoluer en diversifiant les formes d’expression artistiques. « Si le spectacle vivant était dominant jusqu’à il y a deux ans, les arts visuels prennent de plus en plus d’importance« . Un festival dont « l’esprit est le mélange » avec un « charivari de propositions » qu’incarne l’organisation, cette année, d’un Caravansérail de l’Espace. Parallèlement aux spectacles et créations présentés dans la grande salle de l’Espace (danse, musique, théâtre, performance…), ce lieu, dont l’entrée sera libre et permanente, accueillera en continu des interventions de commissaires d’exposition, d’artiste, d’acteurs du monde spatial, de films, de créations sonores, de récits scientifiques, ou encore de lectures de textes historiques ou littéraires. Le tout sous la houlette du collectif d’artistes Kom.post. « Une extension du Festival, pour expérimenter chaque année sans renier ses fidélités« , résume Gérard Azoulay.

Autre innovation pour ce Festival 2015, une sorte d’avant-première « art et essai » avec la projection, le jeudi 19 mars au soir (le jour « en plus« ), de trois films. The Lebanese Rocket Society (2013) de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige. Les deux artistes libanais ont réalisé à partir d’archives un film entre documentaire et création sur un projet de programme spatial libanais, initié dans les années 60 par un scientifique passionné et rêveur. (Astronaut) Story (2003), film de la réalisatrice allemande Dana Ranga sur l’astronaute américain Story Musgrave qui a le plus voyagé dans l’espace : six missions entre 1983 et 1996. Dans Notre siècle (1982), le réalisateur arménien Artavazd Pelechian évoque l’aventure spatiale au XXe siècle.

Serge de Laubier © Puce Muse

Serge de Laubier © Puce Muse

La douzaine de spectacles et créations présentés au fil du Festival, s’achèvera  le dimanche soir sur « quelque chose de particulier » –  Serge de Laubier/Puce Muse – une forme musicale participative gérée par deux musiciens qui intégreront ce qui viendra du public où les spectateurs pourront disposer d’un micro et chanter. Une expérience, dans l’expérience qu’est le festival« …

Marie Quéau, "guetteur de lune"© Marie Quéau

Marie Quéau, « guetteur de lune »© Marie Quéau

… et dans l’expérience permanente et foisonnante qu’est depuis quinze ans l’Observatoire de l’Espace, dont on peut dire que la démarche a été légitimée. D’abord, au fil de présidences successives, par le CNES, dont la mission, rappelle Gérard Azoulay, « est d’abord d’élaborer, de conduire la politique spatiale, mais il y a aussi d’autres aspects, dont « restituer » quelque chose de cette aventure aux citoyens – nous sommes un établissement public, avec de l’argent public – et l’Observatoire de l’espace s’inscrit dans cette mission de façon complémentaire. » Légitimée aussi par les artistes avec lesquels la relation s’est étoffée et diversifiée. « Les plasticiens sont maintenant majoritaires dans les projets ». Ils représentent un tiers des quinze nouveaux résidents – artistes et écrivains – qui ont intégrés en 2015 le Programme Création et Imaginaire spatial de l’Observatoire de l’Espace. (1)

Tomás Saraceno, "In orbit" 2013 © T. Saraceno

Tomás Saraceno, « In orbit » 2013 © T. Saraceno

 

Par ailleurs, « avec Contakt (une expérience artistique inspirée de Symphonie, le premier programme européen de satellites de télécommunications), on a aussi ouvert une nouvelle voie : on a commencé une collection avec les oeuvres créées par les artistes dans ce cadre et qui ont été présentées lors d’une exposition au siège du CNES à l’occasion de Nuit Blanche 2014. Une collection artistique qui vient s’ajouter à la collection patrimoniale d’objets techniques liés à l’espace« . Légitimée enfin par le public, qui vient de plus en plus nombreux au Festival Sidération, manifestement réceptif à cette très inattendue « traversée des champs » de la science et de l’art qui lui est proposée. Car, « faire des rapprochements qui a priori n’étaient pas évidents et qui une fois établis, fonctionnent, c’est ça qui est magnifique« …

Rendez-vous à la 5ème édition du Festival Sidération.
(Pour les horaires et le programme détaillé, cliquer ici)

Anaïs Tondeur, "mutation du visible", graphite sur papier© de l'artiste et gv art-gallery/ondres.

Anaïs Tondeur, « mutation du visible », graphite sur papier © de l’artiste et gv art-gallery/Londres.

 

(1) Le programme Création et Imaginaire Spatial, « offre à des écrivains et des artistes de tous horizons un accès privilégié à des ressources parfois oubliées ou confidentielles racontant l’histoire de l’aventure spatiale : archives sonores, films, documentation, photographies, articles de presse. Il permet aussi de mettre en relation ces artistes et écrivains avec des acteurs du monde spatial, d’avoir accès à des lieux de l’activité spatiale ou de disposer d’un soutien technique. Chaque artiste se réapproprie ces ressources pour en proposer une création originale »
Nouveaux résidents accueillis en 2015 (sélectionnés fin 2014 sur une quarantaine de dossiers) : David Blair (plasticien cinéaste), Olivier Bleys (écrivain), Mathilde Fernandez (performeuse), Marina Gadonneix (photographe), Sarah Harper (metteur en scène, vidéaste), Christine Montalbetti (auteur), Didier Petit (musicien), Marie Quéau (photographe), Tomàs Saraceno (plasticien), Stéphanie Barbarou et Laurence Hartenstein – compagnie Station Miao (jeu et mise en scène), Eric Pistouley (écrivain), Thaddée (plasticienne), Romaric Tisserand (plasticien) et Anaïs Tondeur (plasticienne).

(2) Un public qui avait été sollicité en 2012 par le projet photographique collectif Cosmothropos, matérialisé l’année suivante par la publication d’un ouvrage, sous le même nom.

Le siège du CNES à Paris © CNES/Olivier Pascaud

Le siège du CNES à Paris © CNES/Olivier Pascaud

 

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